Les annonces ordonnant l’austérité se multiplient, l’exécutif poursuivant toujours l’objectif de résorber au plus vite le déficit public et cela en ne touchant aucunement à la fiscalité, notamment celle des entreprises. Si l’exécutif s’entête à écarter l’apport possible de recettes supplémentaires aux finances publiques, ce qui interroge nombre de spécialistes, il redouble d’idées quant à la réduction des dépenses publiques et à l’attaque des droits collectifs. Alors que les menaces contre les travailleurs sont clairement exprimées, que s’affiche la pression sur le paritarisme et que s’organise la remise en cause du financement de notre modèle social, FO a inscrit dans la résolution générale de son récent CCN la nécessité de discuter, dans le public comme dans le privé, des moyens d’action afin de porter un coup d’arrêt aux politiques d’austérité .
Je vous garantis la stabilité fiscale, nous n’augmenterons pas vos impôts, martelait le ministre de l’Économie le 3 avril à Paris devant un parterre de chefs d’entreprise. Cela visait à rassurer le patronat sur, entre autres, la fin promise en 2027 de la CVAE (impôt sur la valeur ajoutée, plus de 8 milliards d’euros de recettes initialement). Pour le Medef, l’État et les collectivités, ainsi que les systèmes de santé, doivent faire des efforts considérables sur leurs dépenses. En revanche, il est hors de question de toucher à la fiscalité des entreprises et à leurs aides publiques (160 milliards d’euros par an). À l’évidence, l’exécutif n’en a pas l’intention. Il concentre ses attaques sur les droits des travailleurs, et des assurés sociaux. Nous devons réfléchir plus globalement au financement de notre modèle social, assène ainsi Bruno Le Maire. Le Premier ministre annonce une réforme de l’Assurance chômage à l’automne (la lettre de cadrage devrait arriver d’ici juin), cela alors que le taux de chômage risque de grimper autour de 8 % fin 2024. Est entre autres envisagée une réduction de la durée d’indemnisation des seniors. Plus largement, l’exécutif entend engager une nouvelle réforme du marché du travail. Il semble aussi projeter de s’attaquer aux arrêts de travail, par l’augmentation du nombre de jours de carence, de trois à sept, éventuellement. Est aussi annoncé pour ce printemps un texte de loi de « simplifications », Pacte 2, s’appuyant sur les propositions des entreprises (notamment de la CPME). Sont dans le viseur les CSE, le recours aux prud’hommes, le temps partiel… Autres attaques ? Dès le mois de mai, l’utilisation du CPF pour une formation induira pour le salarié un reste à charge de 100 euros. Depuis avril, les assurés sociaux ont vu doubler les franchises sur les médicaments, les consultations paramédicales et les transports sanitaires…
Discuter des moyens d’action afin de porter un coup d’arrêt aux politiques d’austérité
Si le Premier ministre annonce, sans détails, l’arrivée en juin de mesures de taxation des rentes, pour une application dès cette année (le président de la République a toutefois déclaré le 8 avril son refus d’une loi de finances rectificative pour 2024), ce n’est en rien une entorse au credo : la réduction sévère des dépenses publiques, pour un déficit public ramené à 3 % du PIB en 2027. À la réduction des dépenses publiques, 16 milliards d’euros en 2024, a été ajoutée une coupe budgétaire de 10 milliards d’euros, douloureuse pour les missions publiques. Et d’autres mesures viendront en complément, avertit l’exécutif tandis qu’est déjà prévue une réduction des dépenses, à hauteur de 20 milliards d’euros en 2025. Dans ce contexte de croissance déjà faible (à 0,8 % sur 2024 selon la Banque de France) et de chômage qui augmente, le cercle vicieux est enclenché, s’alarme FO. Les agences internationales de notation, Fitch et Moody’s, viennent, elles, de prôner encore plus d’austérité. Idem pour Scope, exprimant toutefois sa crainte de mouvements sociaux, à l’image de la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites. Le CCN de FO a appelé le 28 mars à l’organisation d’assemblées générales dans les entreprises et administrations pour discuter des moyens d’action afin de porter un coup d’arrêt aux politiques d’austérité.