Saignée chez Minelli, nouveaux plans sociaux chez IKKS et Pimkie, placement en liquidation judiciaire de Chaussexpo… Les difficultés du secteur de l’habillement ne semblent pas près de s’estomper.
La marque de chaussures Minelli, emblématique enseigne de centre-ville, survivra en 2024. Mais à quel prix ! Sur décision du tribunal de commerce de Marseille, elle est passée aux mains de trois repreneurs – la marque de luxe Mesdemoiselles Paris et les investisseurs DS Invest et Union Brothers –, mais seuls 47 magasins sont conservés sur les 120 qui existaient. Près de 400 emplois sont supprimés, soit les deux tiers des effectifs de l’enseigne.
On s’y attendait, mais je trouve ça dommage, expose Philippe Jacques, militant FO et élu au CSE. Pour relancer une entreprise comme Minelli, il ne suffit pas de la racheter à bon prix, il faut pouvoir investir du cash derrière. Ont-ils les reins assez solides pour poursuivre ? C’est la question que se posent aussi de nombreux salariés du prêt-à-porter, dont les enseignes passent de main en main ces dernières années sans que grand monde parvienne à redresser la barre. Outre la conjoncture défavorable, le secteur paie aujourd’hui son expansion frénétique des années 1980-1990, où l’ouverture de nombreux magasins a été financée par la dette.
L’habillement, variable d’ajustement du budget des ménages
Début janvier, les 700 salariés de Chaussexpo ont vu leur marque placée en liquidation judiciaire. Si aucune solution de reprise n’est trouvée au 15 mars, l’ensemble des 180 magasins fermeront. Le 5 février, c’était au tour de l’entreprise IKKS d’annoncer qu’elle envisageait de fermer des magasins et de réduire ses effectifs – jusqu’à 202 emplois seraient menacés. L’enseigne Pimkie est elle aussi touchée par un nouveau PSE, six mois après le précédent. Et trente-six magasins supplémentaires fermeront cette année.
Après l’hécatombe de 2023, année pendant laquelle au moins 4 000 emplois ont été supprimés dans l’habillement, 2024 ne semble donc pas plus rose. Les salaires ne suivent pas l’inflation, donc les Français arbitrent dans leurs dépenses, souligne David Malézieux, secrétaire adjoint de la section fédérale du commerce et VRP à la FEC-FO. Au vu de la faiblesse des augmentations proposées par le patronat lors des NAO dans la plupart des secteurs, l’habillement risque fort de continuer à pâtir de ces arbitrages.