La Société Générale va supprimer 530 postes supplémentaires tandis que HSBC songerait à céder son réseau de détail en France. Pour FO, si la conjoncture pousse les banques à se réinventer, ce ne doit pas se faire sur le dos des salariés.
Les salariés ont perdu confiance dans leur entreprise et sont très inquiets pour leur avenir. Arrêts maladie, démissions, tous les voyants sont au rouge
, alerte le syndicat FO de la Société Générale. L’enseigne a annoncé le 19 septembre la suppression de 530 postes dans la banque de détail d’ici à 2023, dans le cadre d’un énième plan de transformation. On ne s’attendait pas à ce plan, reconnaît Marc Durand, responsable national FO à la Société Générale. Et derrière, ce sont des drames humains.
Cette annonce s’ajoute à un plan déjà en cours, prévoyant la suppression de 3 450 emplois entre 2015 et 2020 et la fermeture de 500 agences. Et ce malgré 3,8 milliards d’euros de bénéfices en 2018 !
pointe le syndicat FO.
Ces suppressions sont annoncées sans licenciement économique ni départ contraint. Certains salariés vont tellement mal qu’ils préfèrent partir, ajoute Marc Durand. Ceux qui restent peuvent être reclassés loin de chez eux ou dans des métiers qui ne leur correspondent pas.
FO exige qu’une expertise soit diligentée pour évaluer les impacts sociaux de tous les plans de réorganisation qui viennent de se succéder.
Toujours plus de dématérialisation
FO dénonce depuis des années la politique de l’enseigne qui demande toujours plus, mais avec moins de salariés
. En France, c’est réorganisation sur réorganisation, presque tous les métiers sont touchés, y compris ceux de l’investissement, dénonce Marc Durand. L’objectif est d’aller de plus en plus vers la dématérialisation. Le paradoxe, c’est qu’il y a de grosses difficultés pour recruter dans les centres d’appel, où les emplois sont mal payés.
Chez HSBC, tout est parti d’un article du Wall Street journal du 11 septembre, annonçant que le groupe britannique envisageait de se débarrasser de son réseau de détail en France. La rumeur, reprise par les médias français, a suscité l’émoi et l’émotion chez les salariés, d’autant que la direction n’a pas fait de démenti. Au départ, elle s’est contentée de dire qu’elle ne commentait pas les rumeurs
, souligne Éric Poyet, délégué syndical national FO.
A leur demande, l’ensemble des organisations syndicales (FO, SNB, CFTC, CFDT, UNSA, CGT) a été reçue par le directeur général HSBC France le 17 septembre. Ce dernier a annoncé le lancement d’une revue stratégique sur le réseau de la banque de détail. C’est un audit pour voir ce qui va et ce qui ne va pas, explique Eric Poyet. Et en fonction du résultat, il n’y a que deux options sur la table. Soit le groupe cède le réseau de détail, soit il met en place un redressement interne et des mesures draconiennes dont on ignore encore le contenu.
De 3 000 à 5 000 postes potentiellement menacés chez HSBC
FO a de nouveau rencontré le directeur général le 25 septembre. Il nous a annoncé que si cession du réseau de détail il y avait, elle ne pourrait être que totale, avec une banque prête à fonctionner tout de suite, poursuit le délégué syndical national FO. Il faut voir si cela englobe aussi les entreprises ou certaines fonctions centrales. En fonction, le nombre de salariés concernés va de 3 000 de 5 000, sur un effectif total de 8 000.
La direction a annoncé que les résultats de la revue stratégique seraient connus dans 3 à 6 mois. Nous estimons que réaliser une revue prend beaucoup plus de temps, réagit Éric Poyet. Pour nous c’est la preuve qu’elle a commencé bien en amont.
FO presse fortement la direction de communiquer et de jouer la carte de la transparence. L’incertitude n’est bonne ni pour les salariés, ni pour la conquête de nouveaux clients
, ajoute le délégué FO. La prochaine rencontre avec la direction devrait avoir lieu le 3 octobre à l’occasion du prochain comité central d’entreprise (CCE).
Si HSBC France a perdu de l’argent l’an dernier, Éric Poyet reste vigilant pour défendre les droits et les intérêts des équipes HSBC. La conjoncture est défavorable aux banques, surtout la baisse des taux. Mais elles gagnent encore de l’argent, même si c’est moins que par le passé. Elles doivent se réinventer, mais ce n’est pas aux salariés de payer les pots cassés ni les erreurs stratégiques.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly