A la veille de la conférence salariale du 28 février, la Fnas-FO et l’UNS-FO alertent sur l’inégalité salariale entre les personnels, conséquence d’une application inégale du Ségur de la Santé, et notamment l’exclusion de certains professionnels de la revalorisation de 183 euros. Les syndicats dénoncent aussi, auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, des négociations bloquées dues au comportement des employeurs, représentés par Axess.
Des secteurs FO plus que jamais déterminés. Alors que la traditionnelle conférence salariale des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) aura lieu le 28 février, en présence des interlocuteurs sociaux et des représentants des employeurs, la Fnas-FO et l’UNS-FO restent en première ligne pour faire valoir les droits et l’égalité salariale.
C’est une problématique ancienne, souligne Pascal Corbex pour la Fnas-FO. Depuis 2020 et le Ségur de la Santé, nous nous battons pour que la revalorisation salariale de 183 euros concerne les travailleurs des secteurs social et médico-social privé. Il n’est pas possible que des salariés d’un même établissement, faisant parfois les mêmes missions dans le même secteur, soient moins rémunérés que leurs collègues. Dans un communiqué commun, les syndicats FO de l’Action sociale et de la Santé privée écrivent À l’approche de la conférence salariale du 28 février, pour FO Action Sociale et Santé Privée, le problème n’est ni l’enveloppe financière, ni le nombre de salariés exclus du Ségur… Le problème, c’est l’inégalité salariale !
Selon un rapport gouvernemental remis au Parlement en décembre dernier, ces exclus du Ségur s’élèvent à 92 400 salariés dans la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass), principalement dans les secteurs handicap et social. Ce sont notamment les métiers de l’administratif, du secrétariat et de l’entretien. Des salariés qui sont déjà les plus précaires !
Le 15 février, les syndicats ont quitté la table de la CPPI
Depuis plusieurs mois, des négociations se poursuivent mais semblent bloquées, en premier lieu à cause de la posture des employeurs. Ils proposaient de faire passer cette revalorisation de 183 euros par la mise en place d’une convention unique, à laquelle nous nous opposons. Pour nous, c’est une condition sine qua non à l’ouverture des négociations : l’augmentation salariale doit être appliquée pour tous, dans chacune des conventions, explique Franck Houlgatte de UNS-FO. Ultime signe d’échec de négociations : lors de la CPPI du 15 février, les syndicats ont quitté la table lorsque les employeurs ont évoqué le sujet de la convention unique, raconte le militant.
Les élus FO ont adressé un courrier à la nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, le 30 janvier. Depuis des mois, les fédérations employeurs, représentées par Axess, n’ont de cesse d’imposer aux organisations syndicales une méthode à marche forcée, irrespectueuse des attendus d’une négociation loyale et sérieuse (délai de remise des documents non respecté, aucune marge de manœuvre connue…) malgré nos nombreuses sollicitations sur le sujet, dénoncent-ils demandant une rencontre avec les services de la ministre afin d’envisager, ensemble, un moyen de sortir du blocage des négociations au sein de la BASS-MS.
L’enjeu de la prise en charge des patients
Pour la Fnas-FO et l’UNS-FO, la question de la participation à cette conférence salariale se pose. Il faut que nous en discutions entre nous. Mais nous attendons peu de cet événement : on connaît déjà les arguments des employeurs. Même si l’on pressent que tous ne sont pas sur la même ligne que Axess, indique Franck Houlgatte. Le militant en appelle au ministère afin de sortir de cette crise par le haut.
Pour lui, se dessine de plus en plus la nécessité d’une mobilisation globale dans les secteurs concernés seule solution pour se faire entendre face à des patrons sourds. Salaires non revalorisés, conditions de travail dégradées, manque de moyens. En deux exemples, les militants pointent les aberrations. Ainsi le cas de la clinique Gustave Zander (groupe Korian) à Aix les Bains, structure qui affiche des bénéfices mais où les salariés, à l’appel de FO, ont fait trois jours de grève pour les salaires, avec demande d’ouverture immédiate de négociations. Autre cas similaire dans le secteur public qui souffre aussi d’un manque de moyens, celui du CHU de Caen, établissement qui vient de lancer un appel aux dons pour pouvoir se doter d’un équipement de pointe. On voit que le privé est nécessaire alors que le secteur public de la santé est sous-financé depuis des années. Alors soit on finance le secteur privé à la hauteur des besoins soit on le nationalise ! Nous ne voulons pas être les parents pauvres de la santé, et cela en comblant les manques du public. Et tant Pascal Corbex que Franck Houlgatte rappellent que derrière ces problématiques de salaires, de conventions collectives et de conditions de travail se cache l’enjeu de la prise en charge des patients. C’est ce qu’il faut garder à l’esprit !