En réponse au mutisme des pouvoirs publics, les personnels de santé, de l’Action sociale, des Ehpad, les salariés de l’aide à domicile mais aussi les pompiers ou encore les retraités ont manifesté pour certains le 8 octobre, pour d’autres ce 15 octobre, à Paris, de République à Nation. Deux mobilisations massives, à l’appel de la Fédération des Services publics et de Santé FO notamment.
Dire que la grogne monte dans tous ces secteurs serait un doux euphémisme. Les sapeurs-pompiers ? Ils ont fait grève tout l’été mais n’ont reçu pour l’instant aucune réponse du ministère de l’Intérieur. Souffrant des restrictions budgétaires que l’État impose aux collectivités territoriales, lesquelles ont en charge les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), les pompiers ont été reçus le 9 octobre par les représentants des associations d’élus de ces collectivités. Sans résultat.
Après nous avoir réaffirmé que nous faisons un métier formidable et que nous sommes indispensables, nos financeurs nous opposent les contraintes financières de l’État et refusent de s’engager à ce stade.
Sept syndicats de pompiers, dont FO-SIS, ont donc appelé à manifester le 15 octobre. Et ce mardi, ils étaient plusieurs milliers à Paris à défiler de la place de la République à celle de la Nation.
Ils demandent le recrutement massif d’emplois statutaires afin de répondre aux besoins des SDIS
, une augmentation de la prime de feu à 28 % du salaire brut (comme leurs collègues policiers) contre actuellement 19 %, ainsi que la garantie de la pérennité de la caisse de retraite
.
Que des négociations s’ouvrent rapidement !
Du côté des personnels du secteur de la santé et de l’Action sociale, apportant le 15 octobre leur soutien « à leurs collègues » pompiers, la colère est tout aussi vive. Et ce ne sont pas les annonces estivales de la ministre Agnès Buzyn, ni la présentation du projet de loi pour la Sécurité sociale, affichant de nouvelles restrictions de dépenses (l’Ondam/objectif de dépenses d’Assurance maladie ramené à 2,3 % en 2020 contre 2,5 % sur 2019), qui ont su calmer ce mécontentement.
Pour FO cet Ondam est d’ailleurs en complète contradiction avec les besoins financiers indispensables à l’ensemble des secteurs composant l’Ondam (soins de ville, hôpitaux, psychiatrie, personnes âgées, handicap)
.
Les personnels hospitaliers qui, à l’appel de FO notamment, s’inscrivent depuis mars dans un mouvement de grève, dont les services d’urgence, n’ont toujours pas obtenu de réponses satisfaisantes. Ce sont 8,4 milliards d’économies imposées aux hôpitaux, entraînant la fermeture de 100 000 lits, de 95 services d’urgence et la disparition de la moitié des maternités sur le territoire en vingt ans !
, s’irritent les syndicats.
Alors que les personnels de santé et de l’action sociale envisagent une « journée santé morte » en novembre, ils demandent à être reçus par la ministre, Agnès Buzyn, et que s’ouvrent rapidement des négociations sur leurs revendications.
Pour pouvoir prendre en charge toute la population
Les personnels, qui condamnent la baisse constante des budgets hospitaliers, demandent l’ouverture « immédiate » de lits d’hospitalisation, de structures d’accueil et l’arrêt des fermetures de services, d’établissements et de lits sur tout le territoire. La politique d’austérité libérale, exclusivement guidée par une vision comptable d’économies à court terme, a fini par gravement détériorer notre système de santé et d’action sociale. Les salariés et agents de tous ces services exigent des effectifs et des moyens financiers supplémentaires pour faire face à l’activité dans les établissements et pour exercer leur mission auprès de la population
.
Ainsi, soulignent-ils, il faut un maintien de l’ensemble des établissements de proximité, cela pour rompre avec les déserts médicaux et sanitaires, pour un accès égalitaire qui permette d’accompagner et de prendre en charge toute la population
. Les syndicats, qui revendiquent le recrutement d’effectifs en nombre suffisant
, militent aussi pour la reconnaissance de leur travail et de sa pénibilité. Cela devra passer par une hausse de salaire (80 points d’indice) et, en ce qui concerne la retraite, par la possibilité d’un départ anticipé à la retraite à taux plein
.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly