Ce mardi 10 décembre, l’acte II de la mobilisation contre la réforme des retraites a réuni autour de 5 000 personnes dans les rues de Perpignan.
Certes. La mobilisation de ce mardi était moins massive que celle du 5 décembre, qui avait réuni plus de 10 000 personnes à Perpignan. Cependant, pour une manifestation organisée dans l’urgence (les syndicats avaient lancé leur appel vendredi soir), il s’agit aux yeux des organisateurs d’une réussite. Les comptages syndicaux ont dénombré plus de 7 000 participants et ceux de la préfecture 3 000. Pour le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle : « La détermination des salariés est pleine et entière même s’il y a des secteurs où ça a été difficile de repartir à cause des délais de prévenance. » C’est notamment le cas dans les écoles, où les enseignants sont tenus de déclarer qu’ils comptent faire grève 48 heures à l’avance.
Haka militant
Quoi qu’il en soit, l’ambiance était au rendez-vous ce mardi matin sur les boulevards de Perpignan. Camions diffusant de la musique en tête et au milieu du cortège, pétards, fumigènes, slogans repris en chœur… Le cortège prenait par endroits des allures de grande fête militante. Les militants de la FSU ont même effectué un haka revisité pour montrer leur détermination contre la réforme, qui prévoit l’instauration d’un système de retraite par points.
Ce que les responsables syndicaux locaux attendent du Premier ministre qui doit effectuer ce mercredi toute une série d’annonces sur la réforme ? « Rien du tout, répond Julien Berthélémy, de la CGT66. Ce qu’on demande, c’est le retrait de ce projet, qui vise à nous faire travailler plus longtemps avec, en fin de compte, une pension de retraite aléatoire. Son seul objectif, c’est de faire baisser les pensions. On propose le maintien du système par répartition actuel avec un financement qui passe entre autres par une augmentation des salaires et l’arrêt de la défiscalisation et des exonérations de cotisations sociales. De l’argent il y en a ! Le problème, c’est qu’il est mal redistribué. » Dès l’issue de la manifestation, Julien Berthélémy a annoncé que la CGT appelait à une nouvelle journée d’action ce jeudi.
À jeudi !
Jérôme Capdevielle n’a pas manqué d’appuyer cet appel. « On pense qu’Edouard Philippe va annoncer que la valeur du point sera sacralisée et inscrite dans la loi, confie-t-il. Ce serait positif. Mais la réforme ne serait pas admissible pour autant. Derrière, nous continuerons à nous battre sur le calcul des pensions. Rien qu’en fixant leur montant en prenant en compte les carrières entières et non plus d’après les 25 meilleures années (dans le privé) ou les six derniers mois (dans le public), ils feraient diminuer les pensions de 15 à 30 %. »
Les représentants de la FSU, majoritaire dans l’éducation, et de Solidaires sont sur la même ligne. Sauf coup de théâtre de dernière minute, les syndicats devraient donc se retrouver dans la rue ce jeudi. Pour la troisième fois en une semaine. À noter : les enseignants comptent se remettre en action dès ce mercredi matin. En bloquant l’accès aux locaux perpignanais de l’inspection académique.
Des policiers aux côtés des manifestants
Même la police était dans la rue ce mardi. Drapeau aux couleurs d’Alliance sur l’épaule, le secrétaire départemental du syndicat, Franck Rovira, était notamment venu défiler contre la réforme avec quelques collègues. « On est tous dans le même panier, estime-t-il. Le gouvernement veut impacter les retraites des policiers comme celles de tous les citoyens. Ils ne font pas de détail. On risque notamment de perdre nos cinq ans de bonification.On tient la République face à la menace terroriste depuis plusieurs années. Et on nous remercie en nous sucrant notre retraite… » Des militants du syndicat Unité SGP Police, affilié à Force Ouvrière (FO), étaient également présents dans le cortège.