Ce 10 décembre, à la veille des annonces du gouvernement, près d’un million de travailleurs du public et du privé ont de nouveau battu le pavé, dont 180 000 à Paris, à l’appel des confédérations syndicales, contre le projet de retraite par points du gouvernement. La grève se poursuivait dans plusieurs secteurs. Dans la capitale de nombreux étudiants et lycéens ont rejoint le cortège. A l’issue de la manifestation parisienne, les organisations, réunies au siège de la Confédération FO, ont appelé à poursuivre et renforcer la grève y compris reconductible là où les salariés le décident
, à organiser des actions de grève et de manifestations localement le 12 décembre puis le week-end et à faire du 17 décembre une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grève et de manifestation
. Confirmant leurs appels en direction du gouvernement à ouvrir de réelles négociations sans préalable sur la base des propositions des organisations syndicales pour le renforcement et l’amélioration du système actuel
, elles attendent que le Premier ministre dans sa prise de parole mercredi 11 décembre tienne compte du rejet massif du projet de retraite universel par point exprimé par les mobilisations et qu’il retire ce dernier.
Quelque 180 000 à Paris, au moins 10 000 à Clermont-Ferrand, 3000 à Roanne, 3 000 à Chartres, 4 000 au Puy-en-Velay, 15 000 à Montpellier, 3 000 à Niort, 12 000 à Nîmes, 8 000 à Ales, 1 500 à Vannes, 500 à Sarlat… Au total, près d’un million de travailleurs ont de nouveau manifesté dans tout le pays ce 10 décembre contre le projet de retraites par points. Comme le 5, on retrouvait dans les cortèges de nombreux salariés du privé (métallurgie, grande distribution, chimie, organismes sociaux, télécommunications, pharmacie, Air France…).
La grève ne concerne pas que la SNCF et la RATP
La grève était déjà reconduite depuis cinq jours à la SNCF, à la RATP, mais aussi, de manière moins visible et peut être surtout moins médiatisée, dans de nombreux lycées, collèges et écoles, dans des centrales thermiques, dans des sites d’Arkema (chimie)… Et cette liste n’est pas exhaustive.
De nouveaux débrayages ont eu lieu ce mardi dans la métallurgie, la grande distribution, la chimie… Les expéditions de carburant étaient toujours bloquées au départ de sept raffineries, sur les huit que compte le pays. On comptait 44% de grévistes à EDF, selon la direction. On savait déjà à la mi-journée que la grève se poursuivrait le 11 à la SNCF et à la RATP, ainsi que dans de nombreux établissements scolaires sur l’ensemble du territoire. De nouvelles assemblées générales étaient d’ores et déjà programmées pour les prochains jours dans de nombreux secteurs.
C’est un mouvement qui s’installe, le gouvernement doit l’entendre et mettre son projet de côté
Au départ du cortège parisien, le secrétaire général de la confédération Yves Veyrier indiquait : La dynamique a été lancée le 5. (…) Aujourd’hui, nous sommes dans la continuité. Il y a d’ailleurs eu des rassemblements vendredi, samedi… (…) C’est un mouvement qui s’installe. Il faut donc que le gouvernement l’entende. Nous ne voulons pas de ce régime unique par points. On voit bien que le gouvernement met des rustines, tente de colmater des brèches, mais c’est un projet qui fuit de toutes parts (….) Il faut donc que le gouvernement mette son projet de côté, et revienne à la table des négociations, sans préalable. Nous avons déposé beaucoup de propositions, de revendications auprès du Premier ministre et du Haut-Commissaire aux retraites, on attend qu’elles soient entendues, écoutées (…) Si on n’a pas de réponse, on ne va pas lâcher.
Un peu plus tard, dans le cortège, une infirmière de l’hôpital de Gonesse témoignait : le système par points ne peut pas rivaliser avec les droits que nous avons aujourd’hui, ne serait-ce que parce que sa valeur pourra changer d’une année sur l’autre, en fonction du bon vouloir du gouvernement. On voit bien ce qui s’est passé en Suède, où depuis l’instauration du régime par points, on n’a jamais vu autant de retraités, en particulier des femmes, en situation de précarité (…) Aujourd’hui, on a beaucoup de grévistes qui sont assignés pour assurer la continuité du service public et qui n’ont pas pu venir. Ce que nous attendons des annonces du gouvernement demain ? Qu’il retire ce projet de réforme !
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly