Après de premiers mouvements en novembre, une mobilisation massive réunira à nouveau 600 000 personnes mi-décembre contre l’austérité dans le service public. Les fonctionnaires réclament une hausse de salaire conséquente et des améliorations de leurs conditions de travail.
Ils étaient près de 600 000 à faire grève ou à débrayer la semaine du 20 novembre, soit près de 10% de la population active : les fonctionnaires québécois, menés notamment par le Front commun intersyndical, se mobilisent massivement pour réclamer des augmentations de salaires à la hauteur de leur engagement dans leur travail, et afin de lutter contre l’inflation. Aux piquets de grève, la question des conditions de travail des enseignants, des personnels soignants et des travailleurs sociaux était également très présente. Classes surpeuplées pour les uns, horaires à rallonge pour les autres, arrêts maladie et burn out pour tous. Le Québec est frappé de plein fouet par l’austérité, comme nous en Europe. Les effectifs du service public sont réduits, donc les salariés restants doivent travailler beaucoup plus, expose Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international chez FO.
Après des mois de discussion, les négociations entre les syndicats locaux et le gouvernement sont toujours dans l’impasse. Face à la colère des Québécois, le gouvernement a choisi de nommer un conciliateur. D’après des représentants syndicaux participant aux réunions, des avancées sont à noter mais le compte n’y est toujours pas. Après avoir proposé une augmentation de salaire de 10,3% sur cinq ans et une prime de 1 000 dollars (environ 680 euros) pour chaque fonctionnaire, le gouvernement québécois a revu sa copie le 6 décembre pour offrir cette fois une hausse de 12,7% sur cinq ans aux grévistes. Un effort certain, mais toujours pas à la hauteur des attentes des agents du services public, qui réclament une augmentation générale de 20% sur trois ans.
Hausses de salaire de 30% pour les députés
Les prévisions d’inflation actuelles étant de 18,1 % pour cette même période, cette offre aura toujours pour effet d’appauvrir les travailleuses et les travailleurs du secteur public, a twitté la FTQ, l’une des organisations membre du Front commun intersyndical. A noter que les députés québécois ont voté en juin une augmentation de leur propre salaire, à hauteur de 30%. Par ailleurs, les milliards de dollars de subventions publiques débloquées pour l’implantation d’une filière de batteries électriques sont régulièrement mentionnés par les grévistes à titre d’illustration des priorités du gouvernement du Québec, à l’heure où son service public se détériore.
Fin novembre, 25 000 fonctionnaires des ministères et organismes gouvernementaux – membres du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), indépendant du Front commun intersyndical – se sont à leur tour dotés d’un mandat de grève, à déclencher en 2024 au moment opportun. Car si les négociations ne donnent pas satisfaction aux différents syndicats avant les fêtes de fin d’année, une grève générale illimitée pourrait être déclenchée. Tandis que syndicats et gouvernement font respectivement des propositions, et contre-propositions dans le cadre d’une sortie de crise, sans aboutir pour l’instant, le Front commun intersyndical a donc décidé de maintenir la grève prévue du 8 au 14 décembre. Les 80 000 membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) se mettront pour leur part en grève du 11 au 14 décembre.
La quasi-totalité des écoles fermées
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 66 000 enseignants, a choisi, elle, de négocier seule. La FAE a appelé à une grève générale illimitée depuis le 23 novembre. L’appel a eu des répercussions sur 40% des écoles et donc près de 400 000 élèves.
A partir du 8 décembre, la quasi-totalité des établissements sera donc atteinte par l’ensemble des grèves dans l’éducation. Outre une augmentation de salaire, les enseignants revendiquent notamment une baisse du nombre d’élèves par classe et l’ouverture de classes spécialisées pour les enfants en difficulté.