Malgré différents plans gouvernementaux lancés ces dernières années, les jeunes en France demeurent particulièrement touchés par le chômage, le sous-emploi et les contrats précaires, dont ceux à temps partiel non choisi. En la matière le pays est même parmi les plus mauvais élèves en Europe. Alors que FO annonce une journée nationale le 25 juin dédiée à ses jeunes militants, retour sur la situation des moins de 30 ans, leurs préoccupations sociales et leurs attentes syndicales avec la confédération en soutien.
Et voilà que l’insertion professionnelle des jeunes marque le pas ! Selon une note publiée le 27 mars par l’Insee, le taux d’emploi des 15-24 ans (au sens du Bureau international du travail) a reculé en 2024 de 0,6% sur un an, pour s’établir à 34,4%. Inquiétant, ce recul s’accompagne d’une hausse du taux de chômage, porté en 2024 à 18,8 % des jeunes actifs (+ 1,5 %), alors qu’il régresse dans les autres tranches d’âge ! Est-ce le début d’un retournement de tendance ? On peut se le demander après l’embellie constatée entre 2017 et 2023 sur le front de l’insertion des 15-24 ans, en raison notamment de l’essor de l’alternance. Sur cette période, malgré la pandémie, le taux d’emploi des jeunes a augmenté de six points, jusqu’à atteindre 35,2 % en 2023, soit son niveau le plus élevé… depuis 1990. En clair, ces années 2017-2023 ont été une rupture, en comparaison des quinze ans précédents où le taux de chômage des 15-24 ans a quasiment augmenté en continu.
Ce recul 2024 du taux d’emploi est d’autant plus inquiétant que l’embellie d’hier ne s’est pas accompagnée d’une réduction des inégalités dans l’accès à l’emploi. Celles-ci persistent, constate la Cour des comptes dans son rapport public annuel 2025. Elle pointe la part restée élevée des jeunes ni en emploi ni en études ni en formation (10,5 % en 2023). Elle rappelle combien l’accès à l’emploi demeure très dépendant du niveau de diplôme. Elle déplore des inégalités territoriales toujours marquées, dans les Outre-mer, les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Quant au recul de la précarité d’emploi pendant l’embellie, il est apparent, appuie-t-elle : si la part des CDD et de l’intérim a diminué sur la période (- 8 points), l’essor de l’alternance (+ 6 points) l’explique. Dans les faits, les jeunes restent abonnés aux contrats courts : en 2023, 6,6 % étaient en CDD de moins de trois mois, contre 2 % dans toute la population.
Redéfinir un cadre stratégique général
Et la situation s’aggrave selon l’Insee : en 2024, la part des jeunes en CDD de moins de trois mois est passée à 7,1 % (+ 0,5 point). La « photographie » Insee de l’emploi des 15-24 ans confirme leur parcours du combattant : ils sont en CDI bien plus rarement que leurs aînés (41,6 % le sont, contre 76,1 % des 25 ans ou plus). Ils sont plus souvent en CDD ou en intérim (à 23,8 %, contre 9,1 % des 25-49 ans), à temps partiel (22 %), plus concernés par le sous-emploi. Globalement moins diplômés que la population, 63 % sont ouvriers ou employés et 29,2 % suivent un cursus professionnalisant, en alternance ou en stage. Face à ce constat qui interroge l’efficience des politiques publiques menées (création du contrat d’engagement jeune, réforme des aides à l’alternance, modification de l’organisation du service public de l’emploi, etc.), la Cour des comptes appelle l’État à redéfinir un cadre stratégique général, et à mieux cibler ses dépenses pour l’accompagnement, la formation, les aides à l’embauche d’apprentis. Lesquelles ont plus que doublé entre 2017 et 2023, à 7,3 milliards d’euros. Clairement, elle conseille de prioriser les publics les plus éloignés de l’emploi, s’étonnant que cela n’ait pas été fait quand la conjoncture était bonne. C’est dire l’urgence à agir, alors que celle-ci se détériore.