Pascaline Kerhoas est la nouvelle secrétaire générale de FO-Finances élue lors du XXIè congrès de la fédération qui se tenait à Branville dans le Calvados du 3 au 5 octobre. Enthousiasme et ténacité syndicale animent cette militante qui vise pour la fédé une audience plus ample encore. Notre ambition, c’est construire les victoires de demain, en travaillant ensemble, a-t-elle souligné devant les délégués, complétant son message d’un soyons dans l’action !.
Pascaline Kerhoas est la nouvelle secrétaire générale de FO-Finances, remplaçant à ce mandat Philippe Grasset auquel les délégués participant au XXIe congrès de la fédération qui se tenait à Branville début octobre, ont rendu hommage, saluant dans l’amitié son travail, entre autres à la tête de la fédé. Pascaline, ex-secrétaire général adjointe, reprend donc le mandat. Militante de 51 ans, mère de deux grands garçons, elle est issue du syndicat FO- DGFIP (finances publiques) et a derrière elle un long parcours syndical. La conscience de la dureté que peut revêtir le combat syndical pour les droits, elle l’a acquise très jeune. Sa famille, ouvrière et originaire de Brest, a en effet subi la répression qui s’est abattue sur les travailleurs lors les grandes grèves de 1950. Mon grand-oncle s’est même fait tirer dessus raconte-t-elle. Ses grands-parents quitteront alors la pointe Bretagne pour Clermont-Ferrand. C’est là que Pascaline naît et grandit.
Un engagement syndical immédiat
Bac en poche, elle entre en fac d’anglais mais passe deux concours de la fonction publique, dont celui du Trésor qu’elle réussit. Mon père avait une grande fierté à voir sa fille devenir fonctionnaire d’état se remémore-t-elle. Après un stage à Villeneuve la Garenne, la voilà contrôleur, agent de catégorie B, en poste dans les Hauts de Seine, à la trésorerie municipale de Saint-Cloud, affectée « en communale, aux dépenses ». A l’époque les services sont plutôt bien organisés et l’action sociale se développe, au lendemain des grèves en 1989 dans le secteur des finances. En 1996, cherchant à se rapprocher de Paris et de ses amis, elle obtient sa mutation, à la Trésorerie de Nanterre. Chaque jour, elle se rend au 12e étage d’une tour, affectée au service « dépenses d’État ».
Mais à sa vie professionnelle, Pascaline a déjà ajouté un volet syndical. Au début 1995, une visite dans les services d’Hélène Fauvel du syndicat FO du Trésor a en effet tout changé. Pascaline trouve le discours de FO intéressant. Entre autres, le syndicat s’occupe beaucoup des agents, œuvre pour la préservation des moyens des services, souligne la nécessaire préservation de la séparation des rôles d’ordonnateur et de comptable, insiste sur l’indépendance de FO…. La jeune femme se rend à une assemblée générale, animée par Hélène et Gérard Mazuir. A une question des deux militants du Trésor, Pascaline lève la main en guise de réponse. Elle vient de se porter volontaire pour intégrer le comité départemental de la section. Elle adhère à FO et devient très vite militante.
Mutée dans le Rhône, à Lyon7, au recouvrement de l’impôt, elle met bientôt quelques temps son activité syndicale sur pause, le temps des maternités. Mais le syndicalisme n’est jamais loin. Quand j’ai accouché du deuxième, c’était les grandes grèves ! contre la réforme-modernisation des ministères de Bercy, sourit-elle. La jeune maman devient en 2002, secrétaire départementale adjointe de la section FO puis en prend la tête en 2008, devient permanente locale en 2009. Dès 2004, elle avait par ailleurs été élue à la CAP nationale des contrôleurs… C’est aussi le temps de l’arrivée des réformes tous azimuts, telle la fusion entre Trésor (alors 60 000 agents) et Impôts (alors 100 000 agents), actée en 2008, et mis en œuvre dès 2009. Les conséquences des réformes sur l’emploi, elle les constate concrètement. A Lyon7, les effectifs du service ont fondu, passant de vingt-et-un agents en 1998 à douze en 2008… Les SIP (services d’impôts aux particuliers) ont fusionné avec les services de l’assiette fiscale (le calcul de l’impôt)… Et ce mouvement de réformes, de restructurations, attaquant l’organisation des services, les missions, les effectifs et les conditions de travail des agents n’allait pas en rester là.
L’attaque des droits par un empilement de réformes
Depuis près de vingt ans, cet empilement de réformes, dont celle du nouveau réseau de proximité (NRP) initiée en 2018 par Gérald Darmanin, a conduit à des pertes de postes énormes et a eu un impact sur les mobilités des agents souligne Pascaline Le nombre de suppressions d’emplois est ainsi estimé à 30 000 en quinze ans. La DGFIP tient parce que les agents sont consciencieux indique la militante, qui en 2011 est mutée à Clermont-Ferrand, à l’école des finances publiques (l’ENFIP) où elle restera jusqu’en 2019… date à laquelle elle intègre la fédération, s’occupant notamment des questions relatives à l’Action sociale.
On est en 2019, année de la loi de Transformation de la fonction publique (6 août), qui a entre autres fusionné les instances, supprimant les comités techniques et le CHSCT au profit d’un CSA multi-compétent. On perd la dimension ministérielle en matière de santé et sécurité au travail. Ce qui rend difficile la politique de prévention. Le CHSCT qui avait une compétence inter directionnelle a été remplacé par des instances directionnelles fulmine Pascaline.
Cette loi signifie aussi la perte de droits et de moyens. Des 1500 élus des CAP Finances, toutes directions confondues, il reste 90 élus ! Il y a une perte de missions des CAP mais on continue le boulot, hors instance, par des réunions informelles où est évoquée la situation des agents (sur les promotions, mutations). C’est dire, décrit-elle, l’hypocrisie de cette loi qui a vidé de ses prérogatives les CAP au bénéfice d’un système de « lignes directrices de gestion » à la seule main de l’administration.
Être à la fédé, cela permet une vision plus large, plus stratégique
La fédération FO-Finances, Pascaline la décrit comme une sorte de « branche » professionnelle formée de différents syndicats (DGFIP, Douanes, Insee, CCRF, secteur semi-public, …). Être à la fédé, cela permet une vision plus large, plus stratégique analyse-t-elle. La structure permet de construire ensemble les revendications et de réfléchir à certains changements, tel le télétravail. Avant la crise Covid, il y avait 4% de télétravailleurs dans les ministères économiques et financiers. Aujourd’hui, on compte 60% d’agents télétravaillant de un à trois jours par semaine. C’est bien pour les personnels mais cela rend difficile le collectif. Pour Pascaline, il faut ainsi mener une réflexion sur la manière de faire évoluer le syndicalisme, en incluant notamment la problématique du télétravail.
Alors que FO Finances demeure la 3e organisation de Bercy et a maintenu aux élections de 2022 ses trois sièges en CSA ministériel, la fédération doit gagner encore audience. Cela nécessite indique la nouvelle secrétaire générale de coordonner les actions et de soutenir plus encore les syndicats. Un groupe de travail sera d’ailleurs mis en place en début d’année prochaine. Il s’agit de déterminer ce que la fédération peut apporter aux syndicats, et comment, et notamment dans le cadre actuel de perte de droits. Par ailleurs, la formation des militants sera poursuivie et renforcée, la communication de FO Finances améliorée encore, notamment son site internet, projette Pascaline, qui au passage adresse un message aux militants de la Fédé : Faites-nous remonter les infos !.