La fédération FO-Com a fait savoir le 6 avril qu’elle refusait de cautionner
le projet d’accord proposé par la direction d’Orange, projet imposant la prise de jours de congé pendant le confinement en application des ordonnances liées à la loi d’urgence sanitaire
. Une seule organisation syndicale ayant accepté de le signer, la direction a pris une décision unilatérale. Un passage en force dénoncé par FO, pour qui l’urgence est de sécuriser les personnels et de leur donner confiance en l’avenir à travers des mesures de soutien et de reconnaissance des efforts fournis en cette période difficile
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Le 6 avril, après le refus de la quasi-totalité des organisations syndicales de signer un projet d’accord permettant d’imposer aux personnels la prise de jours de congé annuel et de RTT pendant le confinement, l’opérateur téléphonique a fait connaître le détail de sa décision unilatérale
. La direction passe en force
, résumait la fédération FO-Com.
Le passage en force de la direction
S’appuyant sur l’ordonnance du 25 mars qui autorise les entreprises à imposer ou modifier, jusqu’au 31 décembre 2020, la prise de jours de RTT (ou JTL, jours de temps libre), dans la limite de dix journées, Orange a décidé que les salariés devront obligatoirement en poser pendant la période de confinement.
Ils devront le faire d’ici le 4 mai prochain, à raison de six jours (accolés ou non) pour les salariés ayant droit à au moins dix-sept jours par an et de trois jours pour les salariés qui ont droit à moins de dix-sept jours par an.
Les dates de prise des JTL seront fixées en accord avec le manager selon les nécessités de service. À défaut d’accord avec le salarié, le manager décidera de la planification de ces jours pour une prise effective avant le 4 mai et dans le respect du délai de prévenance d’au moins un jour franc
.
Les congés annuels que les salariés avaient posés pour le mois d’avril ne peuvent être reportés, sauf par exception […] sous réserve des besoins du service dans le cadre de la reprise d’activité, à la fin de la période de confinement
.
Quel est le vrai motif de ces mesures coercitives
?
Quelque 28 000 salariés d’Orange sont en télétravail depuis le début du confinement (chiffres de la direction) et la continuité du service est assurée. Chaque jour, l’entreprise reçoit des remerciements de clients, particuliers et entreprises. Les résultats sont là
, et ils démontrent que la mobilisation des personnels n’a jamais failli
, constate la fédération FO-Com.
Pourquoi dès lors de telles mesures coercitives ?
, interroge-t-elle, soupçonnant la direction de chercher à améliorer encore ses résultats financiers en ajustant les provisions de congés
.
La fédération FO, elle, était disposée à négocier les modalités d’un étalement des congés après le confinement, pour faire face au surcroît de travail lié à la reprise d’activité, plutôt que de les imposer pendant le confinement, ce qui revient à les supprimer
, rappelle sa secrétaire générale Christine Besseyre.
Une décision d’autant plus choquante au vu de la solidité financière de l’entreprise
Certes, côté pouvoir d’achat, l’entreprise maintiendra la rémunération de ses salariés
, y compris sa part variable. Certes, l’entreprise a décidé de ne pas modifier les primes d’intéressement, ni d’en reporter le versement.
Mais c’est le moins qu’elle peut faire. Au vu du résultat net réalisé en 2019 par l’opérateur téléphonique (en progression de 54 % il a atteint 3 milliards d’euros), rien ne peut justifier la remise en cause du droit aux congés, estiment la fédération FO et la quasi-totalité des autres organisations syndicales.
Remise en cause des congés des salariés, maintien des dividendes aux actionnaires…
La solidité de la situation financière d’Orange à la fin 2019 et la structure de son chiffre d’affaires donnent incontestablement les moyens à l’entreprise de faire face à une situation épidémique de quelques semaines
, ont unanimement constaté les organisations syndicales dans une déclaration commune le 1er avril dernier (depuis la CGC a décidé de signer le projet d’accord de la direction).
Qui plus est, le P-DG du groupe, Stéphane Richard, a lui-même souligné la capacité d’Orange à faire face, indiquant dans les médias sa volonté de ne pas toucher aux dividendes promis aux actionnaires au titre de l’année 2019.
Un choix aux antipodes de celui de la fédération FO, pour qui l’urgence est de sécuriser les personnels et de leur donner confiance en l’avenir à travers des mesures de soutien et de reconnaissance des efforts fournis en cette période difficile
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Une pétition a été mise en ligne, demandant la liberté, dans le cadre des règles habituelles, de poser les congés annuels et JTL aux périodes du choix du salarié y compris lors de la « reprise d’activité » car l’activité n’a jamais cessé et une prime pour tous.
http://www.focom-orange.fr/signez-petition-adressee-a-direction-dorange/
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly