Le journalisme fut longtemps un monde d’hommes et les femmes qui ont voulu l’investir ont dû faire face à de nombreuses contraintes et prescriptions, en raison des préjugés envers le « sexe faible ». Néanmoins, elles ont trouvé des procédés (comme la chronique ou le reportage en immersion) qui les ont légitimées et sont même devenus des modèles.
Elles ont ainsi développé un journalisme littéraire, subjectif, fictionnel, qui a fait des émules et transformé en partie le journalisme. L’utilisation d’un discours sexué, leur position sociale, intellectuelle, parfois exceptionnelle, leur prise de risque leur ont permis de se faire une place dans cet univers masculin.
L’ouvrage leur rend un hommage d’autant plus marqué qu’elles sont peu célébrées par ailleurs, voire tombées dans l’oubli pour certaines. Il fait un tour d’horizon en six profils, associés à une figure mythologique, pour évoquer les différents subterfuges (choix éditorial, d’écriture, de posture) que les femmes ont utilisés pour s’imposer.
Car c’est bien souvent par la ruse, le travestissement, le détournement et la transgression que ces femmes ont pu exercer leur activité de journaliste.
Grâce à des biographies denses et très documentées, on approche l’histoire de ces femmes dans leur contexte historique et social et on mesure ce que leur a coûté, dans leur vie privée, leur investissement dans la vie sociale.
Femmes de presse, femmes de lettres – De Delphine de Girardin à Florence Aubenas, Marie-Ève Thérenty, CNRS éditions, 374 page, 25 euros. |
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly