Haro sur les demandeurs d’emploi. Dans la droite ligne de l’axe édicté par le chef de l’État le 16 janvier, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé, dans son discours de politique générale du 30 janvier, vouloir aller plus loin dans la réforme de l’Assurance chômage, afin d’inciter toujours plus à la reprise du travail. L’objectif est d’atteindre le plein emploi, soit un taux de chômage autour de 5 %, contre 7,5 % actuellement (en augmentation depuis quelques mois). Pour y parvenir, l’exécutif attaque tous azimuts.
L’accord national interprofessionnel (ANI) sur une nouvelle convention Unédic, signé en novembre dernier par les interlocuteurs sociaux, n’a toujours pas été agréé. Le gouvernement a prolongé unilatéralement les règles actuelles dans l’attente des résultats de la négociation interprofessionnelle en cours sur l’emploi des seniors.
L’exécutif demande notamment aux interlocuteurs sociaux de reculer de deux ans les mesures spécifiques aux demandeurs d’emploi âgés de 55 ans et plus, en lien avec la réforme des retraites. Et si la trajectoire financière fixée n’est pas respectée, Gabriel Attal demandera aux interlocuteurs sociaux de retourner en négociation sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage. C’est une menace sur l’avenir du paritarisme de l’Assurance chômage très clairement exprimée, dénonce Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi.
Prendre n’importe quel emploi…
Le Premier ministre a par ailleurs annoncé que le conditionnement du RSA à quinze heures d’activités hebdomadaires sera généralisé à tout le territoire dès janvier 2025. L’expérimentation de cette mesure, fermement dénoncée par FO, sera élargie à quarante-sept départements dès ce mois de février.
Enfin, sans information ni concertation préalable avec les interlocuteurs sociaux, Gabriel Attal a annoncé la suppression de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), allocation forfaitaire versée sous conditions aux chômeurs ayant épuisé leurs droits. Ils basculeront vers le RSA, qui ne permet pas de valider des trimestres pour la retraite. FO demande au Premier ministre de renoncer à cette mesure. L’objectif est de rendre les demandeurs d’emploi responsables de leur chômage en lieu et place de l’entreprise et de l’État et, en baissant l’indemnisation, de les contraindre à prendre n’importe quel emploi, dénonce Michel Beaugas.