Daniel Challe et son Leica photochrome ont arpenté la France et une dizaine de sites industriels pour y documenter par l’image le syndicalisme d’aujourd’hui. Des militants FO ont parfois accompagné ses visites.
Pour son ouvrage Photos de classe, Daniel Challe est allé à la rencontre de syndicalistes : chez les dockers, dans la métallurgie, du côté des ouvriers de l’agroalimentaire et des chantiers navals, dans l’industrie du pneumatique et aussi dans des unions locales. Son travail figure parmi les projets soutenus par la grande commande publique pour le photojournalisme, destinée à documenter la France après la crise sanitaire (cf. notre publication n°3404 en page 22). Amoureux de la classe ouvrière qu’incarnaient son grand-père cheminot et sa grand-mère salariée d’une manufacture de tabac, ce Lorientais s’est déplacé en Rhône-Alpes, Haute-Savoie, Bretagne et Bourgogne, là où les syndicats de Force Ouvrière et de deux autres confédérations ont accepté de l’accueillir.
Visites avec des délégués FO
À Livet-et-Gavet (Isère) il découvre avec Mourad Moussaoui, le délégué syndical FO de chez Ferropem, une usine de silicium qui ressemble à un « vestige du 19e siècle, où le feu et le bruit font ressurgir les images de la révolution industrielle britannique ». Les salariés y sont exposés à cinq des six critères de pénibilité. Au Creusot, il pénètre avec Régis Fribourg, délégué syndical FO de l’usine Safran Aircraft Engines, sur un site qui est l’exemple inverse : propre, rationnel, presque froidement clinique. Il n’entrera pas cependant chez Métaux spéciaux Savoie, dans la vallée de la Tarentaise, une usine qui produit du sodium par électrolyse, malgré la bonne volonté du délégué syndical FO, Norbert Gandon. « Mais c’est le jeu, on n’entre pas sans autorisation, explique le photographe. Et c’est toujours plus difficile de convaincre les patrons de montrer des lieux, des conditions de travail difficiles… »
Le tout est accompagné de textes de l’auteur qui présentent le contexte de chacune des séances de prise de vue, ses propres réflexions socio-politiques et celles des syndicalistes, ainsi que d’une postface de Maxime Boidy, chercheur en études visuelles, qui écrit que l’on a « rarement établi les fiches anthropométriques des corps syndicalistes avec autant de sympathie ». Il est à espérer pour cet ouvrage une large diffusion, « car ce qui est intéressant », souhaite Daniel Challe, « c’est qu’à présent cela sorte du milieu syndicaliste ».
« Photos de classe », Daniel Challe, éditions Syllepse, 150 pages, 20 euros. Disponible en librairie.
À voir aussi en ligne : https://commande-photojournalisme.culture.gouv.fr/fr/daniel-challe-photos-de-classe