Les Bourses du travail ont été primordiales et nécessaires pour le développement des jeunes syndicats français. L’œuvre des Bourses a été d’apporter des éléments concrets d’organisation.
La première Bourse du travail est inaugurée à Paris le 3 février 1887, sur une initiative du Conseil municipal de Paris. D’autres municipalités, essentiellement socialistes, feront de même pour garder le contrôle sur le mouvement syndical naissant. La Ville de Paris offre un bâtiment avec des bureaux, des salles de réunion et un centre de documentation. La bibliothèque de la Bourse de Paris comptera jusqu’à 2 700 ouvrages. On compte 14 Bourses en 1892, 40 en 1895, 74 en 1901 et 157 en 1908. Mais les syndicalistes ne tombent pas dans le piège des municipalités et proclament haut et fort leur indépendance lors du congrès de Saint-Étienne, le 7 février 1892, annonçant la naissance de la Fédération des Bourses du travail. Le congrès déclare : Les Bourses du travail doivent être absolument indépendantes pour rendre les services qu’on en attend. Les travailleurs doivent repousser d’une façon absolue l’ingérence des pouvoirs administratifs et gouvernementaux dans le fonctionnement des Bourses.
L’œuvre des Bourses
Les Bourses sont d’abord un bureau de placement pour les ouvriers syndiqués, un service de mutualité, un service de secours et un centre d’éducation. Il existe un service de « secours de route » pour les ouvriers de passage sans travail ; des dispensaires médicaux, un service juridique pour les syndicalistes malmenés ou licenciés. Œuvre aussi très importante : l’éducation-formation. La formule préférée de Fernand Pelloutier était : Éduquer pour révolter
. Il y a donc des salles de classe avec des camarades instruits, et/ou des instituteurs et professeurs volontaires, dispensant des cours au niveau du primaire, du secondaire, mais aussi des formations professionnelles. À la bibliothèque il y avait des ouvrages pédagogiques, mais aussi récréatifs (souvent les ouvrières y venaient avec leurs enfants).
Le Comité fédéral des Bourses comprend un délégué par bourse adhérente. Il désigne un bureau national de quatre membres. Ainsi, les différents syndicats de la CGT (née en 1895 de la fusion entre la Fédération des Bourses du travail et la Fédération nationale des syndicats) trouvent dans les Bourses l’essentiel de leurs besoins, lieux de réunion, d’organisation, entraide et éducation. Sans les Bourses, le développement des syndicats aurait été plus pénible. En janvier 1914, le secrétaire de l’UD devient le seul représentant de la CGT au niveau local, mettant fin à l’autonomie des Bourses du travail.
Georges Yvetot (1868-1942)
À la mort, en 1901, du père des Bourses, Fernand Pelloutier, c’est Georges Yvetot qui reprend le flambeau. Typographe lui aussi, anarchiste, antimilitariste, il sera le secrétaire de la Fédération des Bourses du travail de 1901 à 1914. En 1902, avec la fusion de la Fédération avec la CGT, il devient le numéro deux de la confédération, chargé de l’antimilitarisme et de l’antipatriotisme, faisant de lui le dirigeant de la CGT le plus souvent arrêté. |
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly