A l’appel du syndicat SGP-Police FO, quelques 300 policiers ont défilé le 10 janvier dans Paris, à bord de bus à impériale. Ils dénoncent notamment le manque de visibilité sur la mobilisation des forces de l’ordre durant les Jeux olympiques et exigent une prime compensatoire de 1 500 euros pour tous.
C’est un premier coup de semonce. Avec six mois d’avance sur les JO 2024, le syndicat Unité SGP-Police FO a organisé sa propre cérémonie d’ouverture, à Paris, le 10 janvier, pour interpeler les autorités. Alors que les forces de l’ordre sont appelées à une mobilisation exceptionnelle pour assurer la sécurité de cet événement sportif planétaire, le syndicat dénonce l’impréparation des pouvoirs publics. Il exige des réponses à ses questions, notamment sur le déroulement de l’été pour les forces de l’ordre, et une meilleure considération à l’égard des agents, actifs ou administratifs.
Ce matin au départ de la manifestation @UNITESGPPOLICE @gregjoronusgp vive la Force ! pic.twitter.com/FSg0P055bi
— Souillot Frédéric (@SouillotFo) January 10, 2024
Le cortège, au départ duquel a assisté le secrétaire général de la confédération FO, Frédéric Souillot, n’est pas passé inaperçu. A bord de quatre bus à impériale, quelques 300 policiers, drapeaux et porte-voix en main, ont défilé entre Saint-Augustin et la place de la Bastille. D’immenses banderoles accrochées sur les véhicules reprenaient les slogans des manifestants : Police méprisée, JO en danger, Pour les agents du ministère de l’Intérieur, la flamme s’éteint, L’essentiel ce n’est pas de participer mais d’anticiper… Sur l’un des drapeaux, les anneaux des JO avaient été remplacés par des menottes.
A six mois des JO, nous n’avons toujours pas de réponse des autorités à nos questions, or une bonne mobilisation des policiers ne se décrète pas, elle se conditionne, a expliqué le secrétaire général d’Unité SGP-Police FO, Grégory Joron, lors d’une conférence de presse organisée sur la place de la Bastille, au milieu des fumigènes et dans un froid glacial. Et le syndicat estime qu’à l’heure actuelle, les conditions dans lesquelles les policiers seront mobilisés pour ces JO ne sont pas bonnes. Les interrogations portent notamment sur les congés d’été, sur les mesures sociales d’accompagnement pour les agents ayant des enfants à charge, sur la prime d’engagement et sur les conditions de travail durant cette période.
Quid des gardes d’enfants durant l’été ?
Selon un courrier du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, daté du 22 décembre, aucun congé ne sera accordé aux policiers et gendarmes durant la période des jeux, du 26 juillet au 11 août, sur tout le territoire. Cet été, les policiers pourront prendre au maximum deux semaines de vacances, entre le 15 juin et le 15 septembre, et hors la période interdite. Concernant celle-ci, l’inquiétude porte notamment sur la garde des pour les couples de policiers ou les familles monoparentales, alors que la plupart des crèches ferment en août et que les places en colonies de vacances sont limitées. Certains parents risquent de se retrouver sans solution.
D’autres questions se posent aussi sur les conditions de logement et de déplacement des policiers venus spécialement de province pour l’événement. En compensation, le ministère de l’Intérieur propose le versement d’une prime de 500 euros, un montant qui peut monter à 1 000 ou 1 500 euros selon l’engagement de l’agent. FO exige au contraire une prime de 1 500 euros pour tous les agents, qu’ils soient directement concernés par la sécurité des JO ou non. Grégory Joron rappelle que l’année 2023 a été particulièrement difficile pour les forces de l’ordre, entre les émeutes dans les banlieues, la coupe du monde de rugby et la menace terroriste. C’est un métier d’engagement, on était encore massivement présents sur le terrain le 31 décembre, mais on doit pouvoir le faire sereinement, ajoute le militant. Il rappelle aussi que certaines mesures du protocole signé en 2022 par toutes les organisations syndicales pour une meilleure reconnaissance des personnels n’ont toujours pas vu le jour, malgré les promesses.
Le ministère de l’Intérieur aurait dû recevoir les syndicats de policiers le 9 janvier sur la question de l’organisation des JO, mais la réunion a été annulée en raison du changement de gouvernement et aucune nouvelle date n’a encore été fixée. Janvier sera décisif, prévient Grégory Joron. Sans réponse, nous organiserons un décathlon de la mobilisation policière avec une dizaine de dates jusqu’aux JO, pour nous faire entendre.