Le 41e congrès de la fédération FO de la Défense, des industries de l’armement et des secteurs assimilés s’est ouvert le 19 octobre à Arcachon (Gironde) et s’étirera jusqu’à vendredi 23 octobre. Crise sanitaire oblige, c’est en respectant des mesures strictes que les quelque 300 délégués de la fédération composée de ses trois syndicats nationaux (fonctionnaires administratifs, techniques et ouvriers d’État) participent à l’instance. Par ce congrès 2020 — qui acte un vaste renouvellement de l’équipe fédérale — la FEDIASA-FO travaille à construire les conditions de sa victoire, sa position d’organisation syndicale leader retrouvée, aux élections professionnelles de la fonction publique en 2022.
C’est le congrès du renouveau pour la FEDIASA-FO, la fédération FO de la Défense, des industries de l’armement et des secteurs assimilés qui a ouvert son 41e congrès lundi 19 octobre lequel se poursuit jusqu’à vendredi 23 octobre.
Le secrétaire général sortant, Gilles Goulm est candidat à un nouveau mandat mais le reste de l’équipe fédérale va connaître de grands changements via le renouvellement des instances des trois syndicats nationaux : l’UFSO pour les ouvriers d’État, le SNPTP-FO pour les personnels techniques et paramédicaux, le SNPAD pour les personnels administratifs. En effet, les secrétaires généraux de ces structures ne renouvelant pas leurs mandats, notamment pour cause de départs en retraite pour certains, l’élection de nouvelles équipes portera donc aussi changement au niveau de la FEDIASA avec l’arrivée de trois nouveaux secrétaires fédéraux et des changements aussi au niveau de la commission exécutive de la fédération.
Pour le secrétaire général de la FEDIASA qui évoque ce renouveau, porteur de rajeunissement des équipes, y compris régionales, mais aussi d’une féminisation importante
et logique
puisque rappelle par exemple Gilles Goulm 80% des agents administratifs sont des femmes
, ce 41e congrès doit permettre à toute la fédération de renforcer les conditions d’une prochaine victoire, en 2022 aux élections professionnelles dans la Fonction publique, et ainsi de permettre à FO de reconquérir la position leader qu’elle a tenue pendant près de 50 ans dans le secteur de la Défense.
Préserver l’esprit fédéral
Cette nouvelle étape dans la vie de la fédération, forte des résolutions qui sortiront de ce congrès, soulignera la volonté de la FEDIASA de porter haut les revendications des militants et de défendre plus que jamais les droits des personnels. Pour préparer les prochaines élections et les gagner, Il nous faut avoir le souci permanent de la cohésion de la fédération, préserver l’esprit fédéral et ne pas tomber dans le corporatisme
martelait Gilles Goulm, ouvrant le congrès fédéral, dans cette période de préoccupation sanitaire (le congrès de la FEDIASA avait dû être reporté d’avril à ce mois d’octobre) et trois jours après l’attentat qui a coûté la vie à un enseignant d’un collège de la région parisienne.
Le secrétaire général qui a appelé les congressistes à une minute de silence en hommage à ce professeur, a tenu à souligner que les valeurs du syndicalisme que nous défendons sont celles de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité. Je veux ici rappeler notre attachement indéfectible, sans faille, à la République et à ses principes fondamentaux que sont la liberté d’expression et d’opinion
.
Gibert Faraci, nouveau secrétaire général du SNPAD-FO
D’ores et déjà, après l’ouverture lundi après-midi des congrès des trois syndicats une première élection a eu lieu, celle de Gilbert Faraci remplaçant Serge Guitard au mandat de secrétaire général du SNPAD-FO.
Le militant, originaire de Toulon, a indiqué que les instances du syndicat seront renouvelées pour les 2/3. Gilbert Faraci a aussi annoncé aux congressistes un planning de travail chargé pour les prochains mois avec l’établissement d’un calendrier de visites de sites, le travail de développement des structures sur le terrain, le lancement d’une campagne d’adhésion, la mise en place de groupes de travail pour améliorer l’organisation du syndicat… C’est auprès des agents qu’on trouve notre raison d’être
, a-t-il insisté précisant que sans les adhérents, nous ne sommes rien
.
Au sein du secteur de la Défense, un tiers des personnels civils sont des administratifs souligne encore le militant rappelant l’augmentation du nombre de personnels contractuels et dont il faut s’occuper
au plan syndical.
Le problème de fond de la répartition des postes militaires et civils
Alors que les congrès des trois syndicats composant la fédération — et en étant sa colonne vertébrale
indique Gilles Goulm —, se poursuivent ce mardi 20 octobre, le congrès fédéral qui reprendra lui mercredi matin s’attachera à dresser les perspectives, fixer l’axe des revendications de la FEDIASA.
Effectifs, salaires, tant des fonctionnaires que des ouvriers d’État, attractivité des carrières, moyens et temps syndicaux, action sociale… Les revendications sont multiples.
Le secteur ministériel de la Défense a depuis 20 ans payé un lourd tribut aux réformes, notamment la RGPP (révision générale des politiques publiques) en vigueur de 2007 à 2012 et qui a conduit notamment à la disparition de 54 000 postes de personnels civils.
Quelle est l’état actuel des effectifs ? Gilles Goulm résume : il y a 25 ans, on comptait 145 000 personnels civils, aujourd’hui 65 000
. Le recul des effectifs est évident mais la situation s’améliore, la tendance
qui était ces dernières années aux suppressions de postes s’inverse
se réjouit le secrétaire général de la FEDIASA, 4 500 recrutements ont lieu depuis 2019. Pour autant tout n’est pas au mieux dans le meilleur des mondes. Le rapport Hamel (publié en 2016 par le contrôle général des armées) évaluait à 15 000 le nombre de postes militaires pouvant de revenir à des personnels civils, pour FO, le nécessaire rééquilibrage à effectuer entre militaires et civils portait sur 30 000 postes. On en est donc encore très loin. Le problème de la répartition militaires/civils reste un problème de fond
indique Gilles Goulm notamment la difficulté des armées à recruter tant des militaires 500 postes de sous-officiers ne sont actuellement pas pourvus par exemple
que des civils.
Les fonctions de soutien (aux armées) perdent du personnel, souligne-t-il encore, cela du fait d’une politique d’externalisation des moyens et du fait de la difficulté à recruter. Quant à la nature des postes occupés par les civils, ce sont de plus en plus des postes de contractuels, dans des secteurs de pointe, de haute technologie…. Cette contractualisation provient aussi du fait que la Défense n’échappe pas à la philosophie de la contractualisation des emplois actée par la loi de Transformation de la Fonction publique du 6 août 2019.
Toujours un manque d’attractivité des carrières
Le secteur de la défense n’échappe pas non plus au problème d’attractivité des carrières
, tant pour les fonctionnaires que pour les ouvriers d’État. On perd 600 ouvriers d’État tous les ans
s’indigne Gilles Goulm. Le statut a perdu de son attractivité et à niveau égal de haute qualification, beaucoup de jeunes préfèrent travailler en tant que salariés dans le privé où les salaires sont nettement supérieurs à ceux du public que de devenir ouvrier d’État.
Le 19 octobre, pendant la première journée du congrès FO des ouvriers d’État de la Défense, un militant soulignait par exemple la grande difficulté à recruter sur certains sites de l’aviation civile des chaudronniers-ouvriers d’État alors que des sociétés privées leur offre un salaire double
. On n’a pas mis le prix pour garder les jeunes
soulignera un autre intervenant à la tribune. Des CAPSO (commissions d’avancement du personnel à statut d’ouvrier) qui ne fonctionnent pas très bien
fustigera un autre militant, l’absence de reconnaissance des chefs d’équipes relèvera un autre, des problèmes sur les formations qualifiantes… Le bilan de la situation des ouvriers d’État est morose.
Une victoire qui en appelle d’autres
Alors que les fonctionnaires de la Défense ont subi, à l’instar de tous les agents publics, un gel de leurs traitements indiciaires depuis 2011 (hormis une augmentation de 1,2%, mais en deux temps sur 2016-2017), les ouvriers d’État (moins de 20 000 personnes) subissent un alignement sur le point d’indice après avoir perdu l’indexation de leurs bordeaux de salaires sur la métallurgie parisienne, ce contre quoi FO s’était élevée dès 2010.
La Défense vit aussi comme d’autres secteurs ministériels, sous la menace régulière de déréglementations. Ainsi souligne Gilles Goulm, la fédération a dû batailler contre le projet de transformer en EPIC le service de maintenance aéronautique comptant 4 500 personnes. Nous avons beaucoup lutté, expliqué les risques qu’une telle décision pourrait avoir notamment au plan de la sécurité de l’État, de son indépendance. Nous avons gagné et réussi à ce que soit maintenu le statut
de ce service, soit un organisme interarmées. Une victoire qui pour la fédération en appelle d’autres…
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly