Nouveau secrétaire fédéral FO chargé de la prévention-sécurité à la FEETS, Dominique Deschamps est délégué syndical central chez Samsic Sécurité. Également président de l’Observatoire des métiers de la sécurité privée, il se bat au quotidien pour la reconnaissance des salariés qui exercent le métier.
Il est urgent de prendre des décisions fortes, dès maintenant, pour l’augmentation des salaires des agents de sécurité privée !. En sortant des négociations de branche le 8 septembre – ses premières en tant que secrétaire fédéral FO chargé de la prévention-sécurité –, Dominique Deschamps disait toute sa détermination à obtenir une hausse très significative des salaires conventionnels.
FO et l’ensemble des syndicats ont proposé un accord triennal (+5% par an pour toute la grille), après avoir refusé la proposition patronale (+ 3,8% en 2024). Laquelle ramènerait les deux premiers échelons – devenus inférieurs au Smic revalorisé du 1er mai – tout juste au-dessus du salaire minimum légal. Il n’est pas normal qu’une profession réglementée, comme la nôtre, court sans cesse après le Smic, commente le militant FO.
Et quel message patronal, à moins d’un an des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, alors que 20 000 postes déjà sont non-pourvus et que les besoins, durant les Jeux, sont évalués à 17 000 agents par jour, avec des pics jusqu’à 22 000 ! Cet été, la Cour des comptes a appelé l’État à des décisions fortes : envisager un recours aux forces de l’ordre (police, gendarmerie, militaires) en place des agents de sécurité qui manqueraient…
Pendant la pandémie, nous n’étions plus des invisibles
Les organisations patronales n’ont pas balayé notre proposition d’un revers de la main. Cela m’a étonné, confie le militant FO, 59 ans, qui ne préjuge cependant de rien. Parole d’expert, et de bon connaisseur des arcanes de la branche couvrant 186 000 salariés. Depuis dix ans, ce natif de Tours (Indre-et-Loire), également délégué syndical central FO chez Samsic Sécurité (4 800 salariés en France), y était impliqué, aux côtés d’Alain Bouteloux, son prédécesseur. Au point de devenir en 2018, pour deux ans, au titre de FO, président de l’Observatoire des métiers de la sécurité privée de la branche. Poste qu’il occupe de nouveau, jusqu’à début 2024.
Agent cynophile en détection d’explosifs, agent dans la télésurveillance, équipier d’intervention incendie industriel… Sur l’évolution de la profession, des compétences et qualifications requises, le quinquagénaire – également juré d’examen pour le titre d’agent de sûreté et de sécurité privée (A2SP, niveau CAP) – est intarissable. Être agent de sécurité privée est un vrai métier, régi par le ministère de l’Intérieur (la carte professionnelle, délivrée sous conditions, a une durée de validité de cinq ans, NDLR), rappelle le militant, qui déplore le manque de considération, généralisé. Pendant la pandémie, nous n’étions plus des invisibles. Depuis, nous sommes retombés dans l’oubli.
De la reconnaissance du métier, et de son respect, il fait son combat quotidien. Et sa priorité, en tant que secrétaire fédéral. A concrétiser, espère-t-il, par une revalorisation des salaires conventionnels. Réponse des employeurs le 25 septembre.
J’étais la bête à abattre
Dominique Deschamps est aussi intarissable sur les difficultés du métier dans ce secteur atomisé (90% des entreprises ont moins de 19 salariés), et peu syndiqué. Les responsables d’agence ne sont pas toujours très regardants sur le droit du travail et le respect des dispositions conventionnelles, euphémise-t-il. Il l’a expérimenté dès son entrée dans la profession en 1992, en CDD à temps partiel, après un parcours un peu chaotique : il a tout de suite été appelé, pendant ses jours de congés, pour travailler.
Cela a fondé son engagement syndical. Après un détour chez un autre syndicat, il a pris sa première carte FO en 2013, comme adhérent isolé. Je ne supporte pas l’injustice, commente-t-il sobrement. Chez Samsic Sécurité où il est salarié depuis 2002, il a réussi à faire reconnaître en 2021, en appel, devant le Conseil de prud’hommes, la discrimination syndicale et le harcèlement dont il a été victime. Après six années de procédures, éprouvantes au quotidien. J’étais la bête à abattre. J’ai été affecté à plus de 200 kilomètres de Tours, alors qu’il y avait des besoins sur un site à 8 kilomètres de la ville. J’ai refusé, rappelle le DSC de Samsic Sécurité.
Lors des prochaines élections pour le renouvellement du CSE de l’agence régionale de Rennes (Ille-et-Vilaine), il espère bien consolider la représentativité du syndicat, acquise en 2020. Et faire entendre plus fort, ici aussi, la voix de FO.