Quelque 500 manifestants protestaient hier matin à Perpignan contre le projet de loi sur les accords interprofessionnels.Historiquement régressif ». C’est ainsi que Jérôme Capdevielle, secrétaire général de FO 66 qualifie le projet de loi de transposition de l’accord national interprofessionnel présenté cette semaine à l’Assemblée nationale. Hier, à l’occasion d’une journée nationale d’action, quelque 500 personnes ont manifesté à Perpignan selon différents observateurs (les renseignements généraux refusent de communiquer leurs chiffres), plus de 1000, selon les syndicats qui appelaient à la mobilisation (CGT, FO, FSU Solidaires). Des personnels essentiellement syndiqués et issus du secteur public, mais inquiets des conséquences d’un tel accord dans le futur. « Nous sommes tous concernés par la précarité », témoigne ainsi Jeanne Rousseau, déléguée CGT à l’hôpital de Thuir où le manque de personnel pèse. « Nous ne sommes pas des gardiens, mais des soignants », reprend la jeune femme qui dénonce « des budgets de misère ». La nouvelle loi, « qui amène plus de précarité et de flexibilité » selon Pierre Place de la CGT « ne sert que les intérêts de quelques-uns ». Comprenez le Medef, qui a signé un accord avec trois autres syndicats (CFDT, CFTC, CGC-CGE). Des organisations qualifiées de « partenaires ». « Un mot qui sonne doux aux oreilles patronales et surtout de la CFDT », estime Jérôme Capdevielle pour qui le sens des mots est généralement dévoyé : « Les plans sociaux deviennent des plans de sauvegarde de l’emploi, les mesures de sécurisation de l’emploi ne visent en fait que la flexibilité ». Au premier rang des manifestants, les employés de Somo TP en grève depuis fin mars pour réclamer le paiement de leurs salaires (qu’ils ont obtenu hier matin). « Aujourd’hui, ça va un peu mieux même si nous sommes en train de crever », a lancé l’un d’eux à l’heure des discours, exhortant la foule à « ne rien lâcher et à aller jusqu’au bout ». Ils devaient reprendre le chemin du travail ce matin. Qu’il s’agisse de défendre le Code du travail ou de se battre contre les licenciements boursiers comme les employés d’Edit 66 qui se retrouveront aujourd’hui devant le tribunal de commerce de Perpignan, les salariés du public et du privé, mais aussi les retraités qui se sont retrouvés dans la rue hier matin n’avaient en fait qu’une question : comment est-il possible qu’un gouvernement de gauche ait lancé un tel projet de loi ? Les manifestants dénonçaient le projet de loi sur les accords interprofessionnels.
L’Indépendant – Edition du 10 avril 2013 (Estelle Devic)