Sur près de cinq millions de salariés du secteur privé, deux millions ont signé au moins un contrat d’au plus 31 jours en 2019. Parmi eux, seuls 200 000 ont travaillé autour de 200 jours exclusivement sous ces contrats de courte durée, signant, en moyenne entre 46 et 47 contrats par an, auprès de 5 employeurs différents.
En 2019, 20 % des salariés dans le privé ont signé au moins un contrat temporaire court, sous la forme d’un CDD ou d’un intérim dont la durée n’excède pas 31 jours. Pour 4,8 millions de salariés, ces contrats ont signifié un mois et demi de travail au maximum dans l’année, relève la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans une étude sur les bénéficiaires de ces contrats, publiée le 21 mai.
À noter que cette étude, qui s’appuie sur les données de la déclaration sociale nominative, ne couvre pas les travailleurs saisonniers de l’agriculture, les salariés du secteur public, les travailleurs indépendants et les salariés des particuliers employeurs.
Mais tous ces salariés n’ont pas, en quelque sorte, le même usage des contrats courts. Pour 3 millions des signataires (62 %), ces contrats complètent une autre activité salariée et représentent ainsi en moyenne un mois et demi sur leurs huit mois et demi de travail annuel. Pour d’autres il en est autrement. Ainsi, parmi les deux millions de salariés qui ne signent que ce type de contrat court, 90 % (1,8 million) en ont un recours « limité » explique la Dares. Par ce biais, ils et travaillent seulement 1,5 mois dans l’année. Il s’agit majoritairement de jeunes, 46 % ont moins de 25 ans, qui travaillent la plupart du temps en tant que manutentionnaires non qualifiés (9 %), ouvriers non qualifiés divers de type industriel (4 %), ouvriers du tri, de l’emballage, de l’expédition, non qualifiés (3 %) ou encore employés de libre-service du commerce et magasiniers (3 %)
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Aides-soignants, manutentionnaires, artistes…
C’est sur les 200 000 autres personnes, qui travaillent en moyenne 200 jours par an exclusivement avec des contrats courts, que se concentre l’étude de la Dares.
Si elles représentent seulement 4 % des signataires des contrats courts, elles sont à l’origine de 14 % de la durée passée en contrats courts et de près du quart des contrats courts signés dans l’année
, cite l’étude.
Ces salariés sont le plus souvent employés comme aides-soignants (6 %), assistants techniques de la réalisation des spectacles vivants et audiovisuels (6 %), manutentionnaires non qualifiés (5 %), ouvriers et techniciens des spectacles vivants et audiovisuels (4 %) ou encore artistes de la musique et du chant (4 %).
Les signataires intensifs de contrats courts —58% ont entre 25 et 49 ans, 23% sont âgés de 50 ans et plus— se lient en moyenne avec 5 entreprises différentes sur l’année et le nombre d’employeurs n’influe pas sur le nombre de contrats signés. En moyenne, les signataires de contrats courts ne changeant pas d’employeurs (34 %) signent 47 contrats par an, contre 46 pour ceux en changeant au cours de l’année
. Ces résultats sont similaires selon les différents profils de signataires de contrats (intérimaires, CDD d’usage et classiques), remarque la Dares.
En dépit d’un nombre élevé de contrats signés, la mobilité catégorielle et la mobilité sectorielle sont relativement faibles pour ces salariés. La moitié des signataires intensifs de contrats courts ne change ni de secteur d’activité ni de catégorie socioprofessionnelle durant l’année et seuls 10 % d’entre eux connaissent plus de 3 secteurs ou professions différentes.
À chaque secteur son contrat court
Lorsqu’un salarié recourt exclusivement et très fréquemment aux contrats courts, il signe dans 90 % des cas des CDD d’usage ou des missions d’intérim. La répartition sectorielle de ces 200 000 signataires intensifs de contrats courts est d’ailleurs fortement liée au type de contrat : parmi les signataires de CDD d’usage (81 000), près de la moitié d’entre eux travaille dans les autres activités de services (en particulier, les arts et spectacles).
De leur côté, les intérimaires (89 000) sont répartis dans une plus grande diversité de secteurs : 15 % dans les services non marchands, 15 % dans l’industrie agroalimentaire, 14 % dans le transport-entreposage, 13 % dans la fabrication d’autres produits industriels mais aussi 10 % dans le commerce.
Enfin, une grande majorité (79 %) des 19 000 signataires de CDD classiques travaille dans les services non marchands, et presque exclusivement dans d’hébergement médico-social et social, ainsi que dans la santé humaine, qui comprennent notamment les infirmiers en soins généraux, les aides-soignants et les agents de services hospitaliers
.
Les signataires de CDD classique sont majoritairement des femmes (80 %) et des employés, qualifiés ou non (71 %). Les personnes ayant au moins une mission d’intérim sont plus souvent des ouvriers non qualifiés (39 %) que les autres populations qui ont un recours intensif aux contrats courts (6 % en cas de CDD d’usage, 3% pour les CDD classiques uniquement), ou que la moyenne du privé (10 %)
, précise également la Dares. À noter que les signataires de CDD d’usage sont plus âgés que les autres signataires de contrats courts : seuls 9 % d’entre eux ont moins de 25 ans, contre 25 % pour les autres.