FO a obtenu le paiement à 100 % de la prime de fin d’année faisant office de 13e mois pour les 5 700 salariés de Conforama, le groupe Mobilux, nouveau propriétaire, acceptant de « neutraliser » dans le calcul les pertes salariales engendrées par l’activité partielle. Quant aux vendeurs pénalisés par l’absence de clients en magasin lors de la semaine 1 du re-confinement, ils recevront une compensation.
Ne parlez pas de « victoires » à Jacques Mossé-Biaggini, le très déterminé délégué syndical central de FO Conforama. Il manie le terme avec précaution, bien qu’en moins d’une semaine, à compter du re-confinement le 30 octobre, il a obtenu gain de cause sur deux revendications salariales.
Ce ne sont pas des victoires qui enrichiront les salariés. Ce sont de justes compensations de la perte de pouvoir d’achat subie par tous depuis quelques mois
, précise-t-il, rappelant ce faisant la difficulté de cette époque de crise sanitaire qui place, plus que de raison, les délégués syndicaux dos au mur et dans le rôle d’essayer de limiter la casse sociale.
Les salariés ont payé un lourd tribut
Depuis que l’enseigne d’ameublement rachetée en juillet par Mobilux est sortie de l’ornière financière, ce rachat ayant débloqué 300 millions d’euros de prêt garanti par l’État (PGE) et renfloué la trésorerie, le militant à la tête du deuxième syndicat chez Conforama s’est jeté dans la bataille contre la perte de pouvoir d’achat lié à la crise sanitaire.
Les salariés ont payé un lourd tribut durant le premier confinement : la quasi-totalité se sont retrouvés en activité partielle, rémunérés à 70 % de leur salaire brut, soit 84 % du net. A la sortie, les vendeurs ont été, en plus, financièrement pénalisés par l’absence drastique de stocks en magasin liée au manque de cash de l’entreprise les mois précédents. Résultat, leur salaire, basé pour une grande part sur les ventes réalisées, a chuté
, rappelle Jacques Mossé-Biaggini.
Et la « peine » se prolonge : les stocks ne retrouveront leur niveau normal qu’en décembre. A cela, il faut ajouter la dégradation des conditions de travail liées aux sous-effectifs. Le déconfinement a relancé la mise en œuvre du plan social, acté en novembre 2019, qui prévoit 1 905 suppressions de postes. Il y a une érosion terrible des effectifs depuis l’annonce du PSE. Aux 1 905 suppressions de postes attendues, il faut ajouter 600 départs qui se sont déjà faits au fil de l’eau
, comptabilise le délégué syndical.
FO obtient le paiement intégral de l’équivalent du 13e mois
Dans ce contexte, l’obtention par FO du paiement à 100 % de la fameuse « prime de fin d’année » (PFA), qui tient lieu de 13e mois, n’a rien d’une petite victoire. Le 2 novembre, la nouvelle direction l’a reconfirmé à l’issue d’un comité social et économique (CSE) du siège social : elle accepte de « neutraliser », dans le calcul de la prime, les pertes salariales engendrées par l’activité partielle. Sur la fiche de paye de novembre, les 5 700 salariés de Conforama verront donc notifié le règlement intégral de la PFA.
Comme le montant de la PFA est égal à 1/12e des rémunérations brutes perçues entre le 1er décembre de l’année précédente et le 30 novembre de l’année en cours, il aurait dû être amputé cette année. Puisque la précédente direction n’a pas abondé les mois d’activité partielle
, commente Jacques Mossé-Biaggini, pugnace sur le sujet de la compensation. Il l’a évoqué dès la nomination du nouveau P-DG fin septembre, et remis plusieurs fois sur la table. La nouvelle direction a mis du temps à se décider
, déplore le militant.
FO sera vigilante pour un même de traitement pour tous les vendeurs
La deuxième victoire de FO date du comité social et économique central (CSE-C), organisé le 5 novembre à l’issue de la semaine 1 du re-confinement. Une semaine marquée par un cafouillage généralisé sur les « produits essentiels ». Chez Conforama, elle a débuté par la fermeture des 165 magasins (avec maintien du « back-office » : réception, service après-vente, click & collect, drive), s’est poursuivie par la réouverture des rayons d’équipements informatiques, hi-fi/vidéo et de petit électroménager, et finalement clôturée par une nouvelle fermeture des magasins.
Pour quel résultat ? Faute de clients et de stocks, les vendeurs de ces rayons ont travaillé pour rien, ou presque
, tempête Jacques Mossé-Biaggini, qui s’est aussitôt saisi du sujet. En rappelant à la direction l’équité de traitement qui doit régner entre salariés, FO a obtenu un minimum pour eux. Ils ne percevront pas une rémunération moindre que leurs collègues en activité partielle !
. Ces vendeurs sont même désormais assurés de percevoir a minima la rémunération horaire correspondant à la moyenne de l’année n-1.
FO exige désormais l’abondement de l’activité partielle
La liste des revendications FO n’est pas éteinte. Depuis l’annonce du re-confinement, le syndicat exige que Conforama abonde l’activité partielle pour maintenir à 100 % les rémunérations. Et il maintient sa demande malgré déjà deux refus de la nouvelle direction. Les salariés ne comprennent pas cette décision
, met en garde Jacques Mossé-Biaggini pour qui Conforama a aujourd’hui tout à fait les moyens d’abonder l’activité partielle
.
Depuis son rachat en juillet, la trésorerie de l’enseigne a fait un bond, au total, de plus de 500 millions d’euros, entre les 300 millions d’euros de PGE et les 200 millions d’euros d’augmentation de capital décidée par Mobilux. Et la sortie du confinement s’est traduite par un redécollage des ventes, avec une amélioration significative, en août et septembre, de l’Ebitda
. Autrement dit, des bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. FO ne lâchera pas
, avertit le délégué syndical central de Conforama.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly