Placée en liquidation judiciaire, l’enseigne de chaussure qui compte 700 a jusqu’au 15 mars pour trouver une solution de cession. Les travailleurs ne savent pas s’ils seront repris, par qui et dans quelles conditions, souligne Jérôme Gérin. Seule certitude, indique le délégué FO sera au combat pour les salariés et leurs emplois.
Les inquiétudes sont fortes depuis le 8 janvier chez les 700 salariés de Chaussexpo. Le tribunal de commerce de Lille a placé en liquidation judiciaire l’enseigne de chaussures qui exploite 180 magasins en France et appartient à la société Desmazières basée à Templemars dans le Nord. Alors que l’activité des magasins se poursuit, les administrateurs judiciaires ont jusqu’au 15 mars pour chercher une solution de cession. Si l’enseigne ne trouve pas de repreneurs, les magasins de cette chaîne fondée en 1987 baisseront définitivement le rideau.
Lors de l’audience, notre employeur a annoncé qu’il n’avait pas besoin de plus de temps, que deux mois suffisait puisqu’il avait déjà deux potentiels repreneurs, relate Jérôme Gérin, délégué FO au sein de Chaussexpo. Mais nous ne voulons pas de favoritisme : il faudra regarder toutes les offres qui seront déposées avant le 9 février.
L’incertitude quant aux emplois reconduits
Pour les salariés, les inquiétudes sont là, entre autres… Il y a un ras-le-bol envers la direction qui manque clairement de transparence dans ses pratiques, dénonce le militant. On a vu au tribunal que la reprise avait été préparée… Mais les salariés ne savent pas s’ils seront repris, par qui et dans quelles conditions. Une incertitude difficile à vivre, souligne Jérôme Gérin. Certains salariés ont quitté des CDI pour nous rejoindre, d’autres ont contracté un prêt pour acheter une maison. Sans certitude quant à l’avenir de leur emploi, ils se retrouvent fragilisés.
Le militant craint qu’un tiers des effectifs au moins ne soit pas repris, si ce n’est la moitié. Seule certitude pour l’instant, FO qui le deuxième syndicat au sein de l’enseigne, a bien l’intention de se battre pour les emplois et d’obtenir les meilleures conditions de départ dans le cadre des licenciements.
Un secteur abîmé par la baisse du pouvoir d’achat
Pour l’instant, la direction reste évasive. Le discours de la direction se veut très rassurant, donc les salariés espèrent garder leur emploi., observe Luc Dubois, ancien élu FO à l’entrepôt de Templemars. Lorsqu’une alerte au commissaire aux comptes a été effectuée en octobre dernier notre patron s’est montré très sécurisant, évoquant une procédure classique et fréquente qui n’aura pas de conséquences particulières, appuie Jérôme Gérin.
Cependant, déjà, en 2017 et 2018, Chaussexpo a subi deux plans sociaux, ce qui a réduit ses effectifs de plus de 200 postes et a induit pour son réseau la suppression de 64 magasins. Marquée aussi par les fermetures administratives de pendant la crise du Covid, l’enseigne est désormais comme l’ensemble du secteur du prêt à porter fortement impactée par la baisse du pouvoir d’achat. Nos clients sont les classes moyennes, premières victimes de l’inflation. Lorsque l’on a des difficultés à boucler les fins de mois, on n’achète moins de vêtements et de chaussures, observe Luc Dubois. Un constat que partage Jérôme Gérin : Les clients ne font plus d’achat coup de cœur ou d’achat plaisir. Lorsqu’ils ont deux enfants, ils viennent acheter une paire pour l’un et préviennent qu’ils reviendront le mois suivant pour l’autre. Comment ne pas penser dès lors à la revendication FO sur la nécessité d’augmenter massivement les salaires. Pour que cela profite aux travailleurs bien sûr et par répercussion, à l’économie nationale, via la consommation, moteur de la croissance.