Décrets tardifs, outils informatiques non actualisés : presqu’un mois après son entrée en application, la mise en œuvre de la réforme des retraites entraîne, comme chacun le craignait, des difficultés accrues dans le traitement des dossiers qu’assurent les agents des Carsat, dénonce FO.
Emboîtant le pas à Olivier Dussopt, le 17 août sur France inter, Renaud Villard, le directeur de la Caisse nationale d’assurance vieillesse/CNAV affirmait : Nous serons prêts pour l’application de la réforme des retraites au 1er septembre. Des propos qui irritent les militants FO, face aux difficultés rencontrées par les salariés des Carsat, les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail chargées de liquider les retraites du régime général.
Déficit d’information, décrets parus in extremis le 22 août, Contrairement à ce qu’affirme Renaud Villard, rien n’était prêt au 1er septembre. Les conseillers et les liquidateurs retraite sont surchargés d’information, de consignes changeantes pour calculer les pensions. Parfois, ils ne savent pas quoi répondre aux usagers. Mettre en place une réforme d’une telle ampleur aussi vite avec des décrets sortis en deux mois, c’est d’une brutalité inouïe ! fustige Pascal Lezat, délégué syndical FO à la Carsat Midi-Pyrénées.
Retards et bugs à tous les étages
A la Carsat du Sud-Est, où 1 600 salariés gèrent les pensions retraite pour les Bouches du Rhône et la Corse, Frédérique Petit, secrétaire de la section FO, dénonce, elle aussi, les dégâts d’une réforme ultra-précipitée : Mettre en œuvre une telle réforme en plein été, c’est quand même incroyable. Le 27 juillet, en plein été, les agents n’ont eu qu’un document de 30 pages et un webinaire d’une heure pour s’y former !, raconte la militante. Si dans ce réseau de 40 agences, 35 autres webinaires sont prévus d’ici fin 2023, Il y a un manque d’accompagnement des agents, notamment sur les cas particuliers comme les départs anticipés à la retraite. Tout ceci créé une charge mentale importante.
De plus, à la mi-septembre, les outils informatiques n’intégraient toujours pas certains cas, tel celui relatif à la retraite des personnes en invalidité totale ou partielle nées après le 1er septembre 1961… Pour ces personnes-là, les plus fragiles, les dossiers sont tout simplement bloqués ! lance Erwan Lever, DS FO à la Carsat des Pays-de-Loire. Les décrets tardifs tombés en août n’arrangent rien. Les droits de pension pour les femmes ayant perçu des indemnités maternité avant 2012, indemnités désormais prises en compte, tout comme certains stages (TUC), ne sont pas toujours pas intégrés au logiciel de calcul des retraites rappelle Pascal Lezat.
Renforts virtuels…
Bilan : la charge de travail s’alourdit dans les Carsat : Les agents passent beaucoup de temps à interroger les usagers pour compléter leur dossier, vérifier certains points, comme les stages. Les délais de traitement s’allongent, d’autant que nous sommes en sous-effectifs explique Frédérique Petit.
La convention d’objectifs et de gestion 2023-2027 de la Caisse nationale d’assurance vieillesse prévoit certes 600 embauches, (dont la moitié en CDD), pour déployer la réforme. Mais sur le terrain, les recrutements tardent. Sur 24 postes prévus pour 2023 à la Carsat du Sud-Est, seules 8 personnes étaient en formation mi-septembre indique FO.
En outre, Et alors qu’il faut un an pour former un conseiller retraite, les militants rappellent que ce ne sont pas ces effectifs à venir qui pourront soulager le personnel des Carsat cet automne. Un problème que Renaud Villard continue de relativiser : les « renforts » prévus permettront bien d’encaisser le choc de la réforme, assurait-il encore au journal Le Monde le 4 septembre…. Ce n’est pas l’avis des personnels qui sont eux aux prises avec la réalité, sur le terrain !