Plusieurs syndicats dont Force Ouvrière appellent mercredi à une grève interprofessionnelle le 5 décembre. On parle des régimes spéciaux mais ce qui va disparaître c’est le régime général de la Sécurité sociale
, estime sur franceinfo son secrétaire général, Yves Veyrier.
La réforme des retraites
franceinfoconcerne tout le monde
, a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière sur franceinfo, mercredi 16 octobre sur franceinfo, alors que plusieurs syndicats dont FO, la CGT, la FSU et Solidaires appellent à une première journée de grève interprofessionnelle le 5 décembre prochain. Yves Veyrier a rappelé que son syndicat est opposé
au projet d’un régime unique par points.
franceinfo : Pourquoi se joindre à ce mouvement ?
Yves Veyrier : On me posait souvent la question, lorsqu’on a organisé le rassemblement du 21 septembre dernier avec FO, et que la CGT organisait une action le 24, on me disait
mais vous partez en ordre dispersé. J’avais expliqué à l’époque que notre conviction à FO était que ce dossier-là concerne tout le monde. On parle des régimes spéciaux mais ce qui va disparaître c’est le régime général de la sécurité sociale qui concerne 18millions de cotisants, 14 millions de retraités, son mode de calcul sur les 25 meilleures années, son régime complémentaire, pour un régime unique par points.
Entendez-vous les arguments du gouvernement sur ce régime pour réduire les inégalités ?
Yves Veyrier : Ce ne sont pas des bons arguments. L’inégalité homme/femme se répercute au moment de la retraite, mais ce n’est pas le système de retraite actuel qui génère l’inégalité, c’est le fait que les carrières ne sont pas égales : les petites rémunérations, les carrières hachées, le temps partiel subi, ce sont plus souvent les femmes qui les subissent et effectivement, elles se retrouvent en difficulté. Mais cela, on peut l’améliorer, renforcer la solidarité nationale là-dessus, dans le cadre du système actuel, c’est ça que nous demandons. Nous ne sommes pas entendus, donc le 21 septembre j’avais dit, pour se faire entendre […] bien sûr qu’il faudra aller vers une unité d’action syndicale la plus large. Nous étions et nous sommes dans cet état d’esprit à FO, c’est ce qui nous a conduit à nous accorder hier sur le communiqué qui est paru aujourd’hui et qui appelle l’ensemble des salariés à se mobiliser à partir du 5 décembre.
Pour porter une contre-réforme ?
Yves Veyrier : Il s’agit de revenir à la table des négociations, au point de départ. Nous sommes opposés au projet d’un régime unique par points. On peut travailler sur l’amélioration de la situation des femmes, on peut améliorer la situation des jeunes. Il faut améliorer, cela a été pointé du doigt par la Cour des comptes, la situation de l’emploi des seniors, c’est-à-dire ceux qui ont 53, 55 ans, jusqu’au moment de l’âge de la retraite. C’est par là qu’il faut commencer. Et on verra que si on garantit un véritable emploi avec un bon salaire tout au long de la carrière, la question de l’équilibre financier des régimes de retraite se posera en d’autres termes.
Et la CFDT n’est pas là en revanche ?
Yves Veyrier : La CFDT, pour le moment, n’est pas là. Elle s’est inscrite dans le régime universel. Mais j’ai entendu à la fois le Haut-commissaire, le Premier ministre, le président de la République. À l’arrivée il faudra travailler plus longtemps, nous disent-ils tous, âge pivot ou pas âge pivot, durée de cotisation individuelle ou non, il faudra travailler plus longtemps. Je pense que l’enjeu de la réforme est exactement celui-ci. C’est que demain les gouvernements auront entre les mains toutes les clés du système de retraite, pourront agir sur le niveau de la pension et de fait, sur l’âge effectif du départ à la retraite.
Est-ce le début d’un mouvement comme 1995, avec la France bloquée ?
Yves Veyrier : Cela ne dépend pas que de moi. La grève, c’est un moyen de se faire entendre quand on n’a pas pu se faire entendre autrement. On a expliqué très précisément, sur chacun des aspects, les raisons qui nous amènent à être en opposition au régime unique par points. On a expliqué comment on pouvait faire, dans le cadre du régime actuel, pour corriger un certain nombre de situations qui demandent à être corrigées, mais si nous ne sommes pas entendus par ce moyen-là, nous savons aussi qu’une manif’, cela ne suffit plus aujourd’hui. La grève, c’est le moyen de se faire entendre quand on est salarié. Cela fait partie des droits constitutionnels dans ce pays, c’est un droit fondamental lié à la liberté syndicale et au droit de la négociation collective, défendu au niveau de l’organisation internationale du travail, donc on l’utilise ce droit, quand on ne peut pas faire autrement. Maintenant, est-ce que ça va être le début d’un novembre/décembre 1995, je ne suis pas seul en cause. Si notre interlocuteur accepte de revenir à la table sur le point de départ, on verra. Cela ne dépend pas que de nous.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly