Au cœur de la manifestation parisienne particulièrement dense le 17 décembre, salariés du secteur privé et agents du public scandent une fois encore leur refus du projet sur les retraites voulues par le gouvernement. Paroles entendues au fil du cortège FO…
Thomas, Yannick, agents de la pénitentiaire : la réforme constituerait une régression historique
Thomas, 31 ans et Yannick, 45 ans, sont agents de la pénitentiaire, en poste à Fleury-Mérogis. Tous deux sont militants FO. Yannick, trésorier adjoint du syndicat SNP-FO, peste contre ce projet de réforme. Et pour Thomas, ce projet qui ignore la pénibilité
est inadmissible. Yannick rejette une abrogation des 42 régimes. Plus largement, s’il est venu manifester ce 17 décembre c’est pour notre génération mais aussi celles de nos enfants et petits-enfants
. Son épouse qui est secrétaire médicale à Lille – et en grève contrairement à son mari qui ne dispose pas de ce droit – a manifesté dans la capitale du Nord avec les hospitaliers. Le Premier ministre dit que c’est une « réforme historique », or il n’y a que mépris et c’est plutôt une régression historique
fulmine Yannick. Il faut convaincre, être plus encore dans la rue
. Ce mardi, dans la matinée, avant de se rendre à la manifestation parisienne par le car affrété par l’UD-FO, les agents ont bloqué les voies d’accès
au centre pénitentiaire de l’Essonne indiquent les militants. Le 18 décembre, le secteur FO de la pénitentiaire devait rencontrer le directeur de cabinet du ministre de la Justice.
Christelle, Patrick, Jean-Philippe : c’est une réforme pour déconstruire
Tous trois militants FO, Christelle est salariée d’ADP, Patrick travaille dans une mutuelle, Jean-Philippe arbore son badge des OSDD-FO (organisme sociaux divers, et divers). Il travaille au RSI (régime social des indépendants). Au cœur de la manif parisienne, les trois camarades évoquent la réforme. Le Président Macron l’a dit, le projet est un projet de société. Certes, et il s’agit même de déconstruire, d’abattre ce qui existe, notamment les régimes spéciaux
lance Jean-Philippe. Comment peut-on admettre qu’il y ait une modification des règles en cours de jeu ?
s’irrite Patrick. Par ce projet appuient les militants il s’agit de préserver les taux de rendement de la finance et de protéger le lobby assurantiel. Alors, c’est sûr, nous sommes dans un rapport de force et il faut le renforcer pour gagner
.
Stéphanie, Cathy, secteur de la protection de l’enfance : c’est maintenant qu’il faut se battre
Stéphanie et Cathy travaillent au sein du groupement des foyers de protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis. Pour Stéphanie, éducatrice spécialisée, qui s’est habillée d’une pancarte pointant toutes les difficultés et manques de moyens de son secteur et la mise à la peine des agents, ce 17 septembre constitue la première manifestation depuis le 5 décembre. Le projet retraite, elle le rejette car il porte la volonté d’amoindrir encore les retraites des plus pauvres
. Pour Cathy, (secrétaire du syndicat FO CDEF93) c’est maintenant qu’il faut se battre
. Sur 500 agents du secteur « enfance et famille » dans le département explique-t-elle on en compte de plus en plus qui se mobilisent
.
Philippe et Philippe, salariés chez Carrefour : pas question d’un recul de l’âge de la retraite
Deux Philippe portent la banderole FO des salariés du magasin Carrefour de Claye-Souilly (Seine-et-Marne). Ils ont déjà effectué trois manifestations depuis le 5 décembre. Pour eux, le recul de l’âge de départ à la retraite, c’est hors de question !
Ils l’assurent : il faut se battre, maintenant, pour préserver notre système de retraite par répartition
.
Guillaume, pompier : il faut conserver nos droits
Guillaume, 45 ans, est pompier en Seine-et-Marne. Avant la manifestation de ce 17 décembre, il a participé à celle du 10 décembre, pas à celle du 5 car j’étais de garde
. Le projet sur les retraites le met hors de lui. Calculer la retraite sur la base de toute la durée de la carrière, mais forcément que cela ferait baisser la pension !
Son statut de pompier professionnel le place dans le cadre des professions dangereuses (et non à risques comme les policiers) et il entend comme ses collègues des services d’incendie et de secours que soit conservé le système de la catégorie active pour les cadres d’emplois qui en bénéficient
chez les pompiers. Alors qu’il se désole de ne pas savoir où l’on va avec ce projet
, Guillaume comme ses collègues veut garder aussi la bonification (la règle du 1/5e, soit l’octroi d’une annuité de retraite tous les cinq années de service et dans la limite de cinq annuités) participant à améliorer les conditions de départ anticipé en retraite. Pour l’instant se désole-t-il, lui qui manifeste pour défendre les droits de tous à la retraite dont ceux des futures générations
s’inquiète de la stratégie gouvernementale consistant notamment à tenter de créer la division entre les agents en catégorie active et les autres
.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly