C’est une « première » depuis 2021, et une bonne nouvelle pour les salariés : la pression sur les porte-monnaie se réduit un peu. Après deux années de hausse des prix dans des proportions inédites depuis le début des années 1980, l’inflation des douze derniers mois est repassée cet été sous la barre symbolique des 2 %, a révélé l’Insee : en août, les prix à la consommation n’ont augmenté que de 1,8 %, sur un an, après une année 2022 conclue à + 5,2 % et une année 2023 à + 4,9 % (en moyenne annuelle). Cette rentrée fait date.
La conjoncture salariale s’assombrit
Sauf que ce ralentissement des prix à la consommation s’accompagne aussi d’un ralentissement des augmentations de salaire. Depuis le quatrième trimestre 2023, le salaire mensuel de base (SMB) dans le secteur privé augmentait plus vite que les prix. C’est toujours le cas, mais dans une moindre mesure, ce qui amenuise le gain de pouvoir d’achat des travailleurs. Selon les dernières données du ministère du Travail, au cours du deuxième trimestre 2024, le SMB (qui représente le salaire brut avant déduction des cotisations sociales et versement des prestations sociales, des primes ou des heures supplémentaires/complémentaires) a augmenté de + 2,9 % sur un an, après + 3,3 % le trimestre précédent. À la fin juin, le SMB avait ainsi progressé de 0,8 % en euros constants sur un an. Mais cette revalorisation n’a pas été identique selon les catégories socio-professionnelles. Sur un an, toujours en euros constants, le SMB a augmenté de + 1,4 % pour les ouvriers (en raison de la revalorisation automatique du Smic du fait de l’inflation), de + 0,5 % pour les employés et de + 0,6 % pour les cadres. Cette revalorisation a aussi été inégale selon les branches professionnelles : l’industrie a connu la plus forte hausse du SMB (+ 1,3 %). Dans la construction et le secteur tertiaire, celle-ci a été deux fois moins élevée (+ 0,7 %).
Sachant que le retard accumulé par les salaires depuis le début de l’épisode d’inflation est très loin d’être comblé et que 17,3 % des salariés sont rémunérés au Smic (en 2023, contre 12 % deux ans plus tôt), ce ralentissement des augmentations de salaire obscurcit la rentrée. Cela renforce la détermination de FO à exiger l’ouverture de négociations sur les salaires, sur les classifications (pour contrer le tassement des grilles) et le retour de l’échelle mobile des salaires. Laquelle permettrait la fixation d’écarts entre chaque échelon, chacun étant indexé sur l’inflation. FO continue aussi d’exiger une hausse du salaire minimum légal, dont le montant est insuffisant pour vivre dignement.