Nous célébrons cette année les 80 ans du programme du Conseil national de la Résistance, qui est le fondement de notre modèle social. Créée en 1945, la Sécurité sociale obligatoire en est directement issue. Elle n’a jamais cessé de démontrer son efficacité : concernant la prise en charge des risques sociaux d’abord, offrant un haut niveau de protection sociale à l’ensemble de la population, son rôle indispensable d’amortisseur des crises – encore démontré en 2008 lors de la crise financière ou en 2020 pendant la pandémie de Covid –, ou sa capacité à pouvoir évoluer et prendre en charge de nouveaux risques, comme le vieillissement de la population, la dépendance ou les maladies chroniques…
Depuis près de quatre-vingts ans, elle a toujours été l’objet de débats. Encore la semaine dernière, à l’occasion d’une table ronde organisée au CESE par la Confédération européenne des syndicats, on m’a demandé si notre système de sécurité sociale était dépassé.
Les plus libéraux y voient une contrainte, voire une atteinte à la liberté individuelle. Sur le plan économique, ils y voient aussi un coût pénalisant la compétitivité. Mais ils oublient, ce faisant, qu’il n’y a guère de liberté individuelle sans droits collectifs et que, au-delà de ses dépenses, la Sécurité sociale est avant tout porteuse de développement et d’activité économiques.
FO a toujours été attachée à ce modèle. Elle n’a jamais cessé d’agir pour le préserver et continuer à le développer. La pandémie de COVID-19 a prouvé la solidité et la pertinence du modèle français de protection sociale. Loin d’être dépassé, il a montré qu’il est parfaitement adapté aux défis contemporains.
Pour Force Ouvrière, il est de notre devoir de défendre notre modèle social
Mais il est attaqué depuis ses origines – sur son caractère obligatoire, sa gouvernance, sur ses sources de financement, sur les missions qui lui sont confiées ou retirées, sur les dépenses qui lui sont imputées de manière indue. Le modèle de la Sécurité sociale résiste encore, mais les différentes contre-réformes qui se sont succédé depuis une trentaine d’années conduisent à affaiblir son rôle d’atténuation des inégalités et de rempart contre la pauvreté.
Encore une fois, les va-t’en-guerre du social reviennent en force dans le débat public. Prescriptions de médicaments, indemnités journalières, affections de longue durée sont autant de pistes régulièrement évoquées pour réaliser des économies sur les dépenses de santé… Quasiment un an après la réforme des retraites qui a reculé l’âge légal de départ à la retraite et allongé la durée de cotisation, les demandeurs d’emploi sont dans le viseur du gouvernement.
La semaine dernière, nous avons cosigné – les numéros un des cinq organisations syndicales représentatives – une tribune dans Le Monde pour demander au gouvernement de cesser de taper sur les chômeurs ! Notre modèle social serait un frein au retour au plein emploi. L’objectif est de rendre les demandeurs d’emploi responsables de leur chômage en lieu et place de l’entreprise et de l’État, et de baisser l’indemnisation, tant dans son montant que dans la durée de versement de l’allocation chômage – on évoque désormais douze mois !
Pour Force Ouvrière, il est de notre devoir de défendre notre modèle social au service des travailleurs et de leurs familles. À l’occasion des 80 ans du programme du CNR et de la mise en place de l’une des plus belles réalisations sociales, nous avons à cœur de porter nos revendications pour défendre et pérenniser notre modèle social.