Cette exposition montre l’importance de l’œuvre cinématographique chaplinienne dans les productions des avant-gardes artistiques du début du XXe siècle et des convergences d’approches entre elles.
Charlie Chaplin (1889-1977), ou Charlot le Vagabond, n’est pas seulement un acteur britannique. C’est aussi un réalisateur, un producteur et un compositeur. Issu d’une famille d’artistes pauvres, il a connu la misère qu’il ne cessera de dénoncer, tout comme l’exploitation capitaliste et les folies totalitaires. En 1913, il s’installe aux États-Unis où il tourne son premier film « Pour gagner sa vie ». Dès le début, sa ligne est tracée. Avec la Guerre froide, il sera victime du maccarthysme et de la chasse aux sorcières. Expulsé du pays en 1952, il s’installera en Suisse où il finira sa vie.
Avec ses 200 œuvres, cette exposition témoigne de la présence continue de l’imaginaire chaplinien dans la création artistique de cette époque. Avec le cinéma comme fil conducteur, le musée propose une relecture des arts visuels de la première moitié du XXe siècle. L’apparition de Charlot en 1914 sera un sujet de fascination pour les artistes du monde entier, car elle met en avant la problématique économique, sociale et politique de cette période troublée et sanglante. Le vagabond, l’ouvrier, tous deux opprimés, la montée des totalitarismes, cette thématique est aussi celle des avant-gardes artistiques.
L’intemporalité chaplinienne
Le musée présente 200 peintures, photographies, affiches, dessins, sculptures, documents et extraits de film, exposant les œuvres de Marc Chagall, Alexandre Calder, Fernand Léger, Man Ray, René Magritte, Claude Cahun, Frantisek Kupka, Meret Oppenheim, John Heartfield et bien d’autres, montrant la proximité du travail de ces artistes avec le cinéma de Chaplin.
L’exposition est organisée autour de quatre thématiques : l’homme-machine, la poétique du monde, le spectacle mis en abyme, l’absurdité de l’Histoire. Elle est construite autour d’un espace-atelier en plein centre du parcours : « l’usine à rêve », référence à l’univers du cinéma. Cette « usine à rêve » s’ouvre sur les quatre sections de l’exposition, permettant au public de passer librement de la découverte des œuvres, aux activités interactives proposées : photocall, animations de personnages, conception d’un circuit avec des matériaux industriels…
Les problématiques abordées par le cinéma de Chaplin-Charlot et celles de l’avant-garde artistique se croisent, se rejoignent, s’enrichissent entre elles. Mais nous aurions tort de croire qu’il s’agit de problématiques du passé, passées et dépassées. Contrairement à ce que croient certains « penseurs », l’Histoire a une fâcheuse tendance à se répéter.
« Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes », Musée d’Arts de Nantes, 10 rue Georges Clémenceau, 44000 Nantes, jusqu’au 3 février 2020. Lundi, mercredi, vendredi, samedi, dimanche 11h-19h, jeudi 11h-21h. Tarif de 4 à 8 €. |
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly