Entretien avec le nouveau président, et le directeur, de la Caisse d’allocations familiales des P.-O.
Jérôme Capdevielle, déjà délégué départemental Force ouvrière, vient d’être élu président de la CAF des Pyrénées -Orientales (L’Indépendant d’hier), Philippe Cieplik est le directeur de la caisse.
Vous allez présider la CAF des P.-O. pendant quatre ans, quel est votre «programme»?
Jérôme Capdevielle: La faire mieux connaître car la CAF ce n’est pas seulement des prestations. On est d’ailleurs à la veille d’une négociation importante sur la COG (Convention d’objectif et de gestion) qui définira nos moyens financiers.
Quel est l’enjeu?
J.-C.: La gouvernance des caisses. À force de rogner sur les marges de manœuvre des conseils d’administration, qui représentent les allocataires, on met en péril la gouvernance qui est l’ADN-même des CAF.
Quelles sont ces marges de manœuvre ?
Philippe Cieplik : A la CAF il y a les dépenses de prestations mais aussi de fonctionnement, environ 15 millions d’euros, et les dépenses d’actions sociales comme le financement de crèches, de centres sociaux, d’activités de loisirs. Soit 39 millions d’euros.
J.-C.: C’est sur ça qu’il y a des inquiétudes.
Vous craignez de disposer de moins de 39 millions pour ces missions ?
J.-C.: Oui et ce serait dramatique sur ce département. Jusqu’à présent ça augmentait chaque année mais là, la tendance est peu optimiste. Dans un département comme les P.-O., la CAF c’est pas rien, c’est un amortisseur social, «le bien de ceux qui n’ont rien» et ça améliore la qualité de vie de beaucoup de familles. Il ne faut pas mollir sur ce sujet.
- «Nous couvrons 46 % de la population dans le département»
- 41 % des prestations versées par la CAF 66 sont des «revenus garantis» comme le RSA…
P.-C.: Et 30% des allocataires n’ont que cette source de revenus. Il y a une «dépendance à la CAF», nous couvrons 46% de la population.
J.-C.: Par rapport aux autres départements, notre population est plutôt pauvre, plutôt isolée, avec moins d’enfants et plus de bénéficiaires de prestations de solidarité.
Les minima sociaux pèsent de plus en plus lourd.
J.-C.: C’est de plus en plus regardé sous le prisme de la dépense mais au-delà du coût, il y a un gain qui n’est malheureusement pas mesuré. ça aide à l’emploi quand un salarié peut faire garder ses enfants. Et la prise en charge de la jeunesse c’est moins de délinquance. Tout cela n’est jamais mis en lumière mais on va s’employer à le faire savoir. La CAF est un superbe outil, ne le sacrifions pas sous le spectre budgétaire.
Quels sont les besoins spécifiques aux P.-O. ?
P.-C.: Plusieurs quartiers de Perpignan sont prioritaires et il ne serait pas inutile d’y créer des centres sociaux ou des espaces de vie sociale quand il n’y en a pas. Et ça se fait avec des financements COG. J’ajoute qu’ici nous accompagnons financièrement le fonctionnement des structures et si on a moins d’argent pour le faire, ça met aussi en péril des emplois.
J.-C.: L’impact économique d’une CAF dans un département comme le nôtre est très important et il est menacé.
L’Indépendant – édition du 10 février 2018 –Frédérique Michalak