SOCIAL. Les deux hypermarchés autour de Perpignan ont été affectés par le mouvement.
Ils étaient autour de 250 hier à s’être déclarés en grève. En grève, mais bien là, plus visibles que jamais. Que ce soit à Claira ou à Château-Roussillon, les deux hypermarchés Carrefour ont payé la même facture syndicale pour cette journée de mobilisation historique. « La meilleure depuis des dizaines d’années », se félicitait hier à l’heure des comptes, la représentante syndicale CGT de l’enseigne située au nord de Perpignan, Myriam Parent. 130 grévistes. Même bilan du côté est de la ville, où Sophie Monnié, la déléguée syndicale centrale de la CFDT saluait avec son homologue de FO, Romain Canal, une superbe réussite. Un salarié sur deux a quitté son poste de travail pour entamer un long marathon destiné avant tout à se faire entendre. Autant auprès des équipes opérationnelles que des clients et du grand public.
- Démarrage en pleine nuit
L’opération de communication a donc débuté en pleine nuit, 1 h 30 sur la route de Canet ; 3 h 30 en Salanque. Car c’est là que commence le travail des premières équipes dites ‘réceptionnaires’, avec la réception des marchandises. Tous ont reçu la visite des représentants de l’intersyndicale à l’origine de ce grand mouvement national destiné à dénoncer le plan Bompard (ses suppressions d’emplois, ses mises en location gérance et sa division par 10 des primes de participation). Dans le magasin, dans les galeries marchandes, défilés et sittings se sont succédé toute la matinée et en début d’après-midi.
Mais c’est aux entrées des parkings que les grévistes sont allés à la rencontre des clients habituels. Des barrages filtrants ont été installés. À Château-Roussillon, ils ont été invités à signer une pétition pour les soutenir. « On a dû réimprimer des feuilles », s’enthousiasmait même Romain Canal. Et en effet, à part quelques automobilistes contrariés de perdre de précieuses minutes avant d’aller faire leurs courses, la majorité se sentait solidaire des grévistes. « On est avec eux ! », lançait Danielle sans hésiter. « Il faut les soutenir. Quand je manifeste, j’aime bien que les gens soient solidaires », renchérissait Sylvie. Warzazate, lui, dénonçait « l’arrivée des machines automatiques, ça crée pas des emplois, surtout dans notre région, où on a beaucoup de chômeurs. Alors à leur place, on ferait pareil ». Plus loin sur le parking de Château-Roussillon, Caroline, à la retraite, accoure avec son chariot pour dire son soutien : « Ils ont raison, c’est pas très logique que leurs primes aient été réduites malgré les bénéfices des actionnaires ! », s’insurge-t-elle. C’est là sans doute le dernier élément déclencheur du « plan Bompard » dévoilé par la direction et qui passe si mal. De plus de 610 euros, l’intéressement est descendu à 57 euros. Quand les dividendes reversés aux actionnaires se sont élevés cette année à 356 millions… Les négociations ont fait remonter les primes. Mais pas assez visiblement.
L’Indépendant – édition du 1er avril 2018 – Sophie Babey