Dans les P.-O., la politique d’austérité du gouvernement ne fait pas l’unanimité. Loin de là. La baisse drastique des dépenses publiques et ses conséquences ont notamment du mal à passer.
Hier, ils étaient nombreux à manifester leur mécontentement dans les rues de Perpignan. 3 000 selon les syndicats qui appelaient au rassemblement (CGT, FO, FSU, Solidaires et CFTC).
Les revendications en lien avec l’emploi et les salaires étaient en première ligne. Il faut dire que dans le département, la situation n’est guère reluisante.
Selon FO, en un an, 5000 habitants des P.-O. auraient perdu leur travail. « Ici, le taux de chômage toutes catégories confondues s’élève désormais à 30%, souligne le secrétaire départemental du syndicat, Jérôme Capdevielle. En tout, on a 50000 salariés en difficulté face à l’emploi et plus de 80000 bénéficiaires du RSA. »
Même les CRS manifestent !
Selon les responsables syndicaux, ce n’est pas l’austérité qui arrangera les choses. Bien au contraire. « Cette politique continue à nous enfoncer, s’énerve Pierre Place de la CGT. Le taux de précarité s’amplifie. » Gérard Gironell, de la FSU, acquiesce : « Nous ne pouvons plus tolérer que nos vies soient abandonnées ainsi au souffle d’un vent mauvais. » Face à l’« urgence sociale », les syndicats demandent à la préfecture d’organiser une grande table ronde afin d’élaborer un plan de sauvetage de l’emploi local.
Au-delà des grands axes que tous partagent, chacun était venu à la manif avec ses propres doléances. Les salariés de la société Nobelclad, qui est en train de licencier 26 personnes, étaient entre autres de la partie. Tout comme les facteurs de Thuir, en grève depuis plus de 70 jours pour réclamer le maintien de leur centre courrier.
Plus étonnant : une trentaine de CRS, « sur la brèche depuis les attentats » ont eux aussi manifesté. « On réclame notamment des moyens matériels, explique le délégué SGP police FO de la CRS58, Ludovic Romanach. À la compagnie, on a des véhicules qui ont entre 240000 et 250000 km au compteur. De plus, l’indemnité qu’on nous verse quand on part en déplacement n’a plus été revalorisée depuis 2000. » Hier, chacun avait ses raisons pour descendre dans la rue. Même les CRS.
L’Indépendant – Edition du 10 avril 2015 – Arnaud Andreu