En prévision de l’arrivée du convoi ministériel attendu ce vendredi après-midi en préfecture des Pyrénées-Orientales, les gendarmes mobiles ont chargé les manifestants pour les repousser jusqu’au pied du Castillet et dégager le quai Sadi-Carnot.
Entre forces de l’ordre et manifestants opposés à la réforme des retraites, les face-à-face se sont succédé toute la journée sans se ressembler. Après une matinée sans incident, la tension va ainsi monter en début d’après-midi à Perpignan dans un centre-ville bouclé par police et gendarmerie.
Quai Sadi-Carnot où les ministres Muriel Pénicaud et Sibeth Ndiaye sont attendus pour participer à un débat citoyen organisé en préfecture, une centaine de protestataires qui ont réussi à se faufiler, brandissent une forêt de drapeaux syndicaux. Dans un concert de sifflets, de cornes de brume et de cymbales, tambours battants, les contestataires chantent leurs revendications. À coups de slogans et de huées qui fusent çà et là. Du déjà-vu, déjà tant entendu depuis 44 jours et le début de la crise sociale qui agite l’Hexagone.
Or ce vendredi, les autorités ne l’entendent pas de la même oreille. D’autant plus que les opposants sont amassés devant les portes mêmes de la préfecture, sous les fenêtres du représentant de l’Etat qui doit recevoir les deux membres du gouvernement. Il n’en faut pas davantage pour que les gendarmes mobiles positionnés à l’entrée du quai sonnent subitement la charge.
Une démonstration de force en rangs serrés, boucliers en avant
Il est 15 h 30. En double rang serré, boucliers en avant, les militaires avancent en force pour faire reculer la foule de plusieurs dizaines de mètres jusqu’au pied du Castillet où après avoir tenté de résister elle reste maintenue à distance. Au cours de l’affrontement, un homme est interpellé. « C’est inacceptable de se faire déloger comme ça. Le rassemblement était totalement pacifique. L’État montre encore une fois qu’il est prêt à tout pour museler la contestation », dénonce le délégué CGT Julien Berthélémy, tandis que son homologue de FO, Jérôme Capdevielle, fustige une démonstration de force « de cinéma ».
Face à la scène, un autre groupe de plusieurs dizaines de manifestants postés sur le quai Vauban crient leur colère avant de hurler, poings levés, au passage du convoi officiel qui conduit à 16 h 30 Muriel Pénicaud et Sibeth Ndiaye vers la rencontre d’un public de personnalités pourtant choisies, selon les ministères, sur le critère du « premier inscrit, premier pris ». Et donc invité à un débat qui va durer deux heures. Le temps que les manifestants, refroidis par l’attente, se dispersent.