Fin novembre, l’équipementier automobile a confirmé la suppression de 868 postes, répartie sur huit sites en France, dans le cadre de la restructuration à l’échelle européenne de sa division Power, centrée sur les systèmes thermiques et électriques. Un chiffre minimisé pour FO.
Annoncé, et dénoncé, depuis des mois par FO qui alertait sur l’avenir plus qu’incertain des sites Valéo en France, en sous-activité pour la quasi-totalité d’entre eux, le couperet a fini par tomber. Le 27 novembre, au motif de la chute des ventes automobiles en France et en Europe, l’équipementier a présenté, en comité européen, un plan de 868 suppressions de postes réparties sur huit sites français.
Il comprend la fermeture de l’usine de La Suze-Sur-Sarthe (270 salariés, Sarthe) et du centre Recherche et développement de La Verrière (390 salariés, Yvelines), tous deux mis en vente en juillet. C’était aussi le cas de l’usine de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), mais celle-ci ne fermera pas : elle est appelée à réduire ses effectifs de 77%, de 308 à 70 salariés. Les sites de Sainte-Florine (Haute-Loire), Reims (Marne), Laval (Mayenne), Amiens (Somme), Limoges (Haute-Vienne) sont aussi concernés par la restructuration. Personne ne s’attendait à autant de suppressions de postes. Les salariés sont choqués, et dégoûtés, souligne Bertrand Bellanger, coordinateur de FO, deuxième organisation, chez Valéo.
Pour FO, jusqu’à 1 200 postes possiblement supprimés
Si, dans le contexte actuel, réduire les coûts peut être nécessaire, sacrifier des emplois et fragiliser l’avenir de la filière en France est une erreur stratégique, explique le militant, pour qui l’électrification de l’automobile ne doit pas se faire au détriment des salariés. Il dénonce une délocalisation qui ne dit pas son nom, notamment vers des pays européens à faible coût de main d’œuvre. De fait, la France supporte l’essentiel des suppressions d’emplois annoncées ce 27 novembre – l’Allemagne, la Pologne et la République tchèque subiront 188 suppressions de postes.
Le militant FO se fait fort de rectifier la communication de l’équipementier, qui minimise les conséquences en termes d’emplois. Valéo annonce 694 départs contraints et 174 départs volontaires, en déduisant les postes vacants supprimés et en considérant que tous les emplois créés – donc proposables en mobilité interne – seraient pourvus par les salariés voyant leur poste supprimé. Pour FO, le total des suppressions de postes pourrait s’élever jusqu’à 1 282 postes, si l’on intègre dans le calcul les postes vacants supprimés et si tous les salariés refusent leur transfert, rétorque Bertrand Bellanger. Et pour cause, les conditions des « mobilités internes » restent à négocier, afin que les acquis sociaux des salariés soient préservés, précise-t-il. Ainsi, 365 salariés du site de R&D de La Verrière (Yvelines) se voient proposer un poste au contenu identique sur les sites de Cergy (Val d’Oise) et de Créteil (Val-de-Marne). Mais cela, avec un nouveau contrat de travail et donc sans maintien de leurs acquis sociaux (ancienneté, etc).
FO Métaux appelle Valéo à des solutions durables
L’issue des négociations sociales sur des accords de méthode, lesquelles détermineront notamment le calendrier d’information-consultation des instances de représentation du personnel, devrait être connue cette semaine. Les équipes FO sont pleinement mobilisées, et à la manœuvre. Derrière les chiffres de suppressions d’emploi, c’est l’avenir de centaines de familles qui se joue, commente le coordinateur FO Valéo. La majorité des postes supprimés concerne des emplois de structure, principalement des chercheurs.
Inutile de dire que cette deuxième vague de suppressions de postes depuis mi-2023, qui pourrait réduire jusqu’à près de 10% le nombre de postes actuels, angoisse. Ces suppressions concernent la division Valeo Power, qui regroupe les systèmes thermiques et les transmissions hybrides, électriques. Dans les deux autres divisions (Valeo Light et Valeo Brain, NDLR), tous les sites, et particulièrement les plus petits, craignent d’être demain impactés, appuie Bertrand Bellanger.
Sitôt la restructuration annoncée, la fédération FO Métaux a apporté tout son soutien aux équipes FO Valéo ainsi qu’aux salariés. Cette nouvelle vague de suppression pose une question cruciale : quel avenir pour les salariés du groupe et, plus largement pour la filière automobile nationale ?, interroge la fédération dans un communiqué, appelant Valéo à des solutions durables, permettant de conjuguer compétitivité, innovation et maintien des emplois en France. Avec 13 500 salariés, la France est actuellement le deuxième pays en termes d’effectifs (après la Chine) pour le groupe Valéo.