Le choix du ministère d’attribuer le marché de la couverture complémentaire santé à la start-up Alan est une provocation s’insurge la FEETS-FO qui dénonce une rupture des valeurs mutualistes. Et un contrat très onéreux tant pour le ministère que les agents.
La tension avec les syndicats monte au ministère de la Transition écologique. En cause : l’attribution du marché de la couverture complémentaire santé à la start-up Alan, à partir du 1er janvier 2025, en remplacement de l’historique MGEN.
La réforme de la protection sociale complémentaire (la PSC), issue de la loi de Transformation de la fonction publique du 6 août 2019 (dite loi Dussopt), introduit en effet des contrats collectifs d’assurance santé complémentaire dans la Fonction publique. L’adhésion à ces contrats devient obligatoire pour les agents. L’État employeur finance 50 % du coût du contrat, l’autre moitié est à la charge de l’agent.
Un accord sur la PSC a été conclu en 2023 au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) et signé par FO. Il concerne 60 000 agents. Les critères de l’appel d’offres pour choisir un nouveau prestataire ont été débattus avec les syndicats, dans le cadre d’une commission paritaire de pilotage et de suivi (CPPS) créé par l’accord. Mais le choix final reste du ressort de l’employeur.
Or, le 25 avril, lorsque les syndicats apprennent que le ministère a retenu la start-up Alan, une « licorne » (start-up, non cotée en bourse, mais avec une valorisation estimée à plus d’un milliard d’euros, lors de la levée de fonds) spécialisée dans l’assurance santé en ligne, ils s’indignent.
Lors du vote (consultatif), deux syndicats, dont la FEETS-FO, se prononcent contre, les trois autres s’abstenant. La fédération boycotte aussi la réunion du 5 juillet, où Alan devait présenter ses services. Dans une lettre ouverte au DRH du ministère, elle dénonce une offre coûteuse. Et une entreprise privée loin du modèle mutualiste […] à but non lucratif.
Plus chère de 6,6 millions d’euros
Pour la FEETS-FO, ce choix est contestable : Nous avons appris par la presse qu’Alan allait coûter 6,6 millions de plus par an pour le panier de soins de base par rapport à la deuxième offre. Ce qui signifie 3,3 millions de plus pour l’État, et autant pour les agents s’étrangle François Deneux, secrétaire général du syndicat des personnels de l’Environnement et de l’Equipement (SNP2E FO) et chef de file FO à la CPPS.
En outre, choisir une start-up avec seulement quelques personnes dédiées à la gestion des cotisations de 60 000 agents, et apporter à ces derniers des réponses gérées par l’intelligence artificielle, ce n’est pas sérieux. Nous voulions une véritable mutuelle, avec une forte présence territoriale, donc des bureaux. C’est nécessaire pour nos agents. Alors que les souscriptions ont démarré depuis la rentrée de septembre, FO multiplie l’information auprès des agents concernant les nouvelles prestations, et rappelle son opposition à Alan.
Une pétition, lancée avec deux autres syndicats, avait déjà recueilli 7 126 signatures début octobre.