L’opportunité de mettre en place une tarification progressive de l’électricité (et du gaz) est une question récurrente qui n’a pas de réponse unique. Quant à son principe, elle consiste à faire augmenter le prix du kilowattheure avec la consommation d’électricité (et/ou de gaz naturel) d’un ménage. La consommation d’énergie pour un logement étant le plus souvent corrélée au niveau de revenus, ce sont les ménages les plus solvables qui financent les prix les plus bas des premiers kWh d’énergie consommés, au profit des plus modestes. Ses avantages seraient de plusieurs ordres : environnemental et économique pour les consommateurs puisque ceux-ci sont incités à réduire leur consommation ; social également si les premiers kWh d’électricité ou de gaz, représentant une consommation de première nécessité, sont proposés à un prix bas pour garantir leur accessibilité pour les ménages modestes. Ces prix bas étant compensés par des prix plus élevés pour les consommations plus importantes, couvrant des besoins moins essentiels.
Le risque d’un clivage entre catégories d’usagers
Les inconvénients de ce mode de tarification sont également pluriels : la corrélation entre le niveau de revenus et la consommation d’énergie ne se retrouve pas dans certaines situations (les retraités et les inactifs occupent souvent leur domicile ; les familles nombreuses consomment davantage d’énergie que la moyenne des foyers sans relation objectivée par leur niveau de revenus). En outre, l’électricité et le gaz ne sont pas les seuls moyens d’énergie utilisés par les consommateurs (fioul, GPL, bois…), il y aurait donc des reports de certains consommateurs sur ce type d’énergie tout autant que ces derniers seraient lésés en termes d’égalité par rapport à ceux utilisant le gaz et l’électricité. Il n’est pas certain non plus qu’un gouvernement, quel qu’il soit, veuille prendre la responsabilité d’adopter un dispositif qui provoquerait un clivage entre catégories d’usagers avec ses gagnants et ses perdants. Au moins peut-on aborder ce sujet et y réfléchir ; l’AFOC restera attentive aux opinions et points de vue de ses adhérents pour relayer une position s’il le fallait.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly