L’annonce de la revalorisation du salaire de base des fonctionnaires, bloqué depuis 2010, n’a visiblement pas suffi à calmer l’ire des syndicats. « Avec l’inflation, chaque fonctionnaire a perdu l’équivalent de deux mois de salaire par an depuis 2000. Et l’augmentation annoncée par le gouvernement équivaut à seulement 20 euros sur deux ans en moyenne », dénonce le secrétaire départemental de la FSU, Grégory Raynal.
Le leader de la CGT66, Pierre Place, juge également cette revalorisation « insuffisante ». Il appelle de ses voeux une augmentation des salaires du public et du privé (Smic à 1 800 euros bruts). « Si on veut relancer la consommation, il faut redonner du pouvoir d’achat à l’ensemble des salariés, plaide-t-il. On n’a pas une vision déconnectée. Des économistes reconnus disent pareil que nous. » ð « Être force de proposition »
Le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle, est sur la même longueur d’onde : « Ce n’est qu’en augmentant le pouvoir d’achat qu’on arrivera à réamorcer la pompe économique. Ça ne sert à rien de rendre les entreprises compétitives si elles n’ont pas de carnet de commande ! En tant que syndicalistes, on doit contester les textes néfastes, comme le projet de loi travail, mais aussi être force de proposition. »
C’est pourquoi la FSU, la CGT, FO, Solidaires et la CFTC appellent en choeur fonctionnaires, salariés du privé et retraités à se rassembler ce mardi, à 17h30, devant la préfecture. Pour l’augmentation des salaires, le pouvoir d’achat et un partage des richesses plus juste.
Les jeunes révoltés écrivent à la ministre
À la veille d’une nouvelle manifestation, ce mardi*, le collectif Les jeunes révoltés entend maintenir la pression. Il a adressé en ce sens une lettre ouverte à la ministre du Travail pour marteler la colère des jeunes face à cette loi qui selon eux est une « insulte faite au monde du travail ». Et de souligner dans leur courrier : « Vous n’avez réussi qu’à obtenir la colère et le dégoût des jeunes envers votre politique (…). Nous, jeunes citoyens, salariés ou non, nous refusons l’ensemble des renoncements de ce gouvernement dit de gauche. En aucun cas votre projet de loi ne sera créateur d’emploi. Bien au contraire, il facilitera les licenciements économiques et amplifiera la précarité des salariés. Nous refusons l’archaïsme de votre projet de loi qui remet en cause le code du travail, fruit d’un siècle de combat du mouvement ouvrier. Nous refusons de revenir au temps de Germinal et d’être les esclaves de la loi du marché. » Les jeunes révoltés, qui se revendiquent jeunes travailleurs, chômeurs, précaires, lycéens et étudiants rappellent à la ministre que « l’avenir, c’est nous ! L’évolution, c’est nous ! Le progrès, c’est nous ! » Et de conclure que cette génération a décidé de prendre son devenir en main.
L’Indépendant – Edition du 22 mars 2016 – Arnaud Andreu