Salaires : deux jours de grève dans les centres d’appel


Une intersyndicale dont fait partie FO a appelé les salariés de la branche des prestataires de service à faire grève les 24 et 25 mars pour exiger une augmentation générale des minimas salariaux et une prime Covid. La mobilisation a été forte dans les centres d’appel.

En raison d’un tassement de la grille salariale, huit salariés sur dix sont désormais rémunérés au niveau du Smic dans la branche des prestataires de services. Revendiquant une augmentation générale des salaires ainsi qu’une prime Covid pour tous, FO, dans le cadre d’une intersyndicale, a appelé les salariés à faire grève les 24 et 25 mars. La mobilisation a été particulièrement bien suivie dans les centres d’appel, où le taux de grévistes a atteint 35%, en présentiel comme en télétravail.

Cette branche, qui compte 103 000 salariés en France, regroupe des activités très diverses : centres d’appel, recouvrement de créances, hôtesses d’accueil, télé-secrétariat, animation commerciale, traduction… Au-delà de ses rémunérations peu élevées, le secteur se caractérise par des contrats souvent précaires.

Les négociations annuelles obligatoires (NAO) portant sur les minima s de branche se sont interrompues le 15 mars, après deux séances de discussions. Le patronat a refusé toute augmentation salariale, invoquant des difficultés financières en lien avec la crise Covid. En réaction, les organisations syndicales ont interrompu la réunion de la commission paritaire. La prochaine séance est prévue le 17 mai.

Les 3 premiers échelons de la grille sous le Smic

Actuellement, les trois premiers échelons de la grille salariale se situent en-dessous du Smic, et ils concernent 80% des salariés. L’État est intervenu en demandant au patronat de corriger cette irrégularité, en vain, dénonce la fédération FEC-FO. Cette dernière avait proposé dès octobre 2020 un projet d’accord dans le cadre des NAO prévoyant une augmentation comprise entre 1,8 et 2,1% pour tous les coefficients.

Si le tassement de la grille se poursuit, une proportion de plus en plus importante de salariés a vocation à se retrouver rémunérée au Smic, sur des contrats précaires et des parcours professionnels sans avenir, alerte la FEC-FO. Si un accord n’est pas trouvé pour 2021, certains superviseurs (chefs d’équipe) se retrouveront eux aussi à seulement quelques euros au-dessus du Smic.

Certes, certaines activités ont souffert de la crise sanitaire, comme l’animation commerciale ou l’événementiel. D’ailleurs, de nombreux salariés ont vu leur contrat rompu ou non renouvelé.

Mais dans les centres d’appel ou les sociétés de recouvrement, la situation n’est pas la même, certaines entreprises ont même vu leur activité et leurs profits augmenter avec la crise sanitaire, souligne Nicolas Faintrenie, secrétaire de la section fédérale des services à la FEC-FO.

Un appel relayé dans les filiales au Maghreb

Gestion des numéros verts mis en place par l’État dans le cadre de la crise Covid ou commandes en drive pour la grande distribution… les services proposés par les centres d’appel ont été très demandés. Près de 70% des services clients des grands groupes sont sous-traités à des centres d’appel, explique Johnny Franchois, secrétaire FO de la branche des prestataires de services. Sur certains sites, les salariés les plus expérimentés ont été mis en télétravail, ce qui a permis sur les plateaux prévus pour 400 postes de faire travailler au total en réalité 600 personnes.

FO revendique une prime Covid pour tous les salariés de la branche. La fédération rappelle que ces derniers ont été sur-sollicités pendant la crise, parfois dans des conditions difficiles avec des plateaux de centres d’appel bondés pour satisfaire l’augmentation d’activité. L’intersyndicale souligne aussi dans un tract le respect parfois douteux des règles minimales de sécurité par les entreprises, et ajoute que nombre de salariés ont eu la Covid via le travail !.

Une partie de ces salariés est toujours en télétravail. Il s’agit le plus souvent de travail à domicile sans accord ni compensation, dénonce Johnny Franchois. Certains travaillent dans des conditions inconfortables, assis sur un tabouret dans leur cuisine. Et comme tout est robotisé, les appels se succèdent en permanence, les salariés n‘ont même pas le temps de souffler.

Cet appel à la grève était également relayé par l’UNI, fédération syndicale internationale, aux filiales des centres d’appel situées en Tunisie et au Maroc. Ainsi, les appels n’ont pas pu être renvoyés en off-shore au Maghreb comme ça se fait en général, bien que ce soit une entrave au droit de grève selon nous, se félicite Johnny Franchois.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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