Après trois années de détérioration du pouvoir d’achat des salariés, 2024 s’annonce revendicatif dans le secteur privé. Chez EDF SA, le syndicat FO a déjà déposé un préavis de grève à compter du 15 janvier, avec trois autres organisations, résolu à ne pas accepter la baisse de pouvoir d’achat des salariés dans la durée. Le constat est partagé au-delà des murs de l’énergéticien. Comme l’a révélé la Dares, le salaire net moyen a reculé de 1% en France en 2022, et c’est inédit depuis 25 ans. Le décrochage est d’autant plus frappant que le calcul intègre le versement des primes, par définition non pérennes.
Censé faciliter les augmentations salariales, le futur « Haut conseil des rémunérations », annoncé à l’issue de la conférence sociale d’octobre dernier, doit prendre forme d’ici fin mars. Sa composition, son fonctionnement, ses compétences vont faire l’objet de nouvelles réunions entre le ministère du Travail et les interlocuteurs sociaux. FO, qui refuse la perspective d’une instance technique sans dimension prescriptive soutenue par le patronat, a demandé que les urgences salariales (bas salaires, travailleurs pauvres, égalité salariale) soient les premières missions. Telles que l’exécutif les a définies initialement, celles-ci devaient consister notamment à accompagner les branches professionnelles pour prévenir le tassement des grilles salariales au voisinage du Smic. Une situation constatée, fin 2023, dans 108 des 171 branches de plus de 5 000 salariés !
Une année sous le signe de la mise en conformité des branches ?
En 2024, sans surprise, l’activité conventionnelle des branches devrait être encore dominée par les négociations salariales. D’abord, en raison de la forte probabilité qu’interviennent de nouvelles revalorisations automatiques du Smic en cours d’année, du fait de l’inflation persistante. Ensuite, parce que le ministère du Travail a affiché sa volonté de mettre sous pression les branches en situation durable de non-conformité avec le Smic (au nombre de 34 fin 2023). Avant le remaniement ministériel de janvier, il les avait même menacées de restructuration administrative si leur situation ne s’améliorait pas, un bilan devant être conduit en juin 2024.
Enfin, les branches professionnelles vont devoir se mettre en conformité avec la loi du 29 novembre 2023 transposant l’accord national interprofessionnel (ANI) relatif au partage de la valeur, dont FO est signataire. Celle-ci fait obligation aux branches n’ayant pas révisé leur classification depuis cinq ans d’engager une négociation tenant en compte des objectifs d’égalité professionnelle et de mixité des emplois. Fin 2023, 60% des branches étaient concernées !