Salaires dans la Santé privée : l’UNSFO prépare une mobilisation nationale le 30 mai 2024

Pour construire avec la base une mobilisation nationale du secteur, l’UNSFO a organisé le 16 avril un webinaire réunissant une centaine de délégués. Une décision a émergé : les professionnels de la santé privée monteront à Paris le 30 mais pour porter leurs revendications salariales.

Pour l’UNSFO, il s’agit désormais d’organiser le combat pour les salaires. L’idée n’est pas de faire une mobilisation qui vienne d’en haut, de la fédération, mais bien de la construire avec les professionnels du terrain partout en France, explique Franck Houlgatte, secrétaire général de l’Union nationale FO de la Santé privée. Le 16 avril, l’organisation d’un webinaire auquel ont participé plus d’une centaine de délégués – des secteurs du sanitaire, du social et du médico-social –, représentant 96 établissements, soit 200 000 salariés des secteurs non lucratif et lucratif de la Santé privée, a permis des premières prises de contacts et décisions concernant cette mobilisation à venir. La date est d’ores et déjà choisie : ce sera le 30 mai.

L’objectif est de monter à Paris devant le ministère pour dire notre ras-le-bol et notre exigence de revalorisation des salaires. Les revendications salariales sont d’autant plus pressantes que les professionnels de la Santé privée font face actuellement au blocage des NAO dans les établissements tandis que le ministère de la Santé fait la sourde oreille. Seule la mobilisation pourra les faire plier. C’est la mobilisation qui a permis le Ségur et, que l’on estime que c’était une avancée ou non, je ne connais aucun soignant qui souhaite revenir sur les 183 euros de salaires supplémentaires. Ce Ségur n’était qu’une étape mais ce n’était pas rien, et c’est avec la mobilisation que nous l’avons obtenu., souligne Franck Houlgatte.

Les salariés font face aussi, dans le secteur à but non lucratif de la Santé privée, à un chantage consistant pour le patronat à refuser la négociation de hausses de salaires tant que n’est pas mise en œuvre une convention collective unique étendue (CCUE), projet auquel FO s’oppose depuis le début.

D’ici le 30 mai, convaincre et fédérer

Quant à la situation dans le secteur lucratif, souligne l’Union FO, la FHP (fédération patronale de l’hospitalisation privée, Ndlr) tente d’imposer l’instauration de critères classant par l’avenant 33 salaires au mérite en lieu et place de la valeur du point. Nous ne saurions manifester en commun avec les employeurs le 3 juin prochain, nos intérêts ne sont pas les mêmes que ceux de nos patrons !.

La date choisie à la mobilisation, le 30 mai, est déjà une forme de réponse au patronat du secteur. La Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP) a décidé en effet, en lien avec les syndicats des médecins libéraux, d’une grève le 3 juin. Les employeurs protestent contre la décision du gouvernement de revaloriser de 4,3 % les tarifs des hôpitaux publics, contre 0,3 % pour ceux des établissements privés. Lors de ce webinaire organisé par FO, aucun des participants n’a souhaité s’associer à la grève décidée par les employeurs. Nous ne serons pas les faire valoir des patrons de la FHP, tranche Catherine Rochard, soignante et secrétaire générale de l’UD FO du Maine-et-Loire. Même décision pour Evelyne, qui participait à cette visioconférence avec ses collègues de l’établissement des Capucins. Ça ne sert à rien de se mobiliser avec les patrons du lucratif : ils ne nous donneront rien. L’argent, ils en ont mais le donne aux actionnaires plutôt qu’aux travailleurs. Il n’y a rien à attendre d’eux.

Lors de ce webinaire, les délégués n’ont pas manqué d’aborder ce qui est subi depuis deux ans par l’ensemble des salariés, dont ceux de la santé privée, soit les effets de l’inflation et alors que les salaires stagnent. Tout augmente, du caddie de courses à l’essence. On n’a plus rien à perdre : on en a marre, on en peut plus, lâche Christelle, déléguée FO au sein de l’association Temps de vie près de Lille. Au fil des mobilisations, on a les même slogans depuis 3 ans. Nous on veut monter le 30 mai ! Dans plusieurs établissements, les négociations annuelles obligatoires sont donc bloquées et les salariés n’ont pas connu de revalorisation salariale depuis plusieurs années. À la clinique d’Anjou, on a rien eu depuis deux ans, les salariés sont plus qu’en colère, souligne Armelle. Au sein de la Croix Rouge, Les NAO sont proches de zéro depuis des années. On se mettra en marche pour aller sur Paris ! Parce que l’on ne peut pas attendre sans rien faire que l’employeur daigne trouver une solution pour payer correctement les collègues, lançait un délégué.

L’enjeu est de créer un rapport de force, notait Cissé, délégué au domaine de la Chaux dans le Rhône, un Ehpad géré par la Croix Rouge, lors du Webinaire. Le délégué souhaiterait une « grève bloquante » mais souligne les difficultés propres au secteur de la santé : nous travaillons avec des humains, notre conscience et notre déontologie nous empêchent de faire certains types de pressions.

D’ici le 30 mai il faut convaincre et fédérer. D’où l’importance de mettre en place des assemblées générales pour intégrer et mobiliser l’ensemble des salariés indiquait Delphine, une autre déléguée. Pour Murat Berberoglu, secrétaire général adjoint de l’UNSFO, ce n’est pas un hasard si, à un moment, les agriculteurs se sont déplacés à Paris. Alors, tous ensemble, convergeons vers la capitale le 30 mai !.

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