Éviter au maximum les licenciements, pour préserver les emplois et les compétences nécessaires et vitales au groupe
, reste la ligne de conduite du syndicat FO de Safran, où la direction semble souffler le chaud et le froid lors de la négociation cruciale d’un accord de groupe pour les années à venir.
Le 13 mai dernier, la direction de Safran a ouvert, par téléconférence, des négociations sur un accord dit de « transformation d’activité » (ATA), visant à affronter les douze à dix-huit mois difficiles engendrés par la crise sanitaire. Un accord d’importance puisque ses mesures doivent s’appliquer à l’ensemble des 45 000 salariés du groupe en France jusqu’à la fin de l’année 2021. Géant industriel notamment dans l’avionique, Safran est bien entendu confronté à l’effondrement des commandes venant des avionneurs et des compagnies aériennes. Il a engagé des fermetures de sites à l’étranger, impactant 8 000 à 10 000 postes, notamment au Mexique et aux États-Unis, mais aussi en Europe.
Éviter tout licenciement
En France, où FO-Safran se bat pour éviter tout licenciement, le travail à temps partiel concerne encore entre 40 % et 45 % des salariés. FO Métaux a demandé que soit maintenu et renforcé ce dispositif d’activité partielle pendant la période de crise. Le syndicat a d’ailleurs, dans un communiqué du 10 juin 2020, salué l’ouverture des discussions engagées au niveau de l’État et des interlocuteurs sociaux afin de mettre en place un nouveau régime d’activité partielle de longue durée, le dispositif Arme (Activité réduite pour le maintien de l’emploi).
Tableau noir
En faisant état d’un chiffre d’affaires divisé par deux, d’entrée, le 13 mai, la direction avait prévenu : pour retrouver le niveau d’activité record de fin 2019 », ce ne sera « pas avant 2023 voire 2025
. Elle a fait valoir qu’elle plaçait le maintien de la compétitivité avant la préservation de l’emploi.
Et de remettre sur la table droits et avantages acquis : modération salariale, temps de travail, primes d’intéressement, de participation, abondements de l’épargne salariale, la retraite supplémentaire des 20 800 ingénieurs et cadres, mobilités internes et externes…
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Menaces contre le « socle social »
Le syndicat FO-Safran s’était alors alarmé et étonné du fait que ces menaces contre le « socle social » du groupe interviennent le 10 juin, au lendemain même de l’annonce du gouvernement français d’un vaste plan de soutien de 15 milliards d’euros à la filière aéronautique. Le problème réside dans le fait que Safran tient à conserver au mieux son taux de rentabilité à 7 %-8 % et son EBIDTA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement), estime Daniel Barberot, secrétaire de l’équipe de quatre coordinateurs FO (Julien Le Pape, Julien Greau, Michel Fiore et David Dijoux).
Retour à la « bonne fortune »
FO a néanmoins demandé dans ces négociations une prudente clause de « retour à bonne fortune » en cas de situation qui s’améliore. Elle a en outre bataillé contre la modération salariale proposée au moins sur une année (en 2021) et a obtenu une majoration pour les indemnités de départ en retraite.
Mobilités
Autres points qui vont être fort discutés : les mobilités internes, que la direction veut renforcer sur les quelque quatre-vingt-six sites français, et les externes, temporaires ou définitives. Sur ces dernières, FO-Safran s’est montré particulièrement vigilant et a exigé, comme condition indispensable
, l’application du double volontariat (les deux parties sont volontaires). Concernant les congés sabbatiques, une demande de FO, la direction s’est orientée vers une durée minimale de trois mois et maximale de vingt-quatre mois.
Le syndicat a rappelé, lors de la réunion du 12 juin, qu’il avait, dès l’ouverture des négociations, évoqué le dispositif de MVES (Mobilité Volontaire Externe Sécurisée), qui permet au salarié, sous conditions, d’exercer une activité dans une autre entreprise tout en gardant la possibilité, pendant une certaine durée, de revenir dans son entreprise d’origine.
La direction ayant évoqué, le 12 juin, d’éventuels détachements de salariés, FO a notamment demandé que les IRP assistent aux comités de suivi sur les détachements et d’assurer le retour à son poste du salarié détaché
. FO-Safran a également insisté tout particulièrement sur la formation et l’embauche de jeunes.
Dividendes
À la suite des interventions des organisations syndicales, qui ont par ailleurs reconnu le caractère « moteur » de FO-Safran, des dividendes ne devraient pas être versés aux actionnaires en 2020, même si la direction a fait valoir que cela ne dépendait pas d’elle mais du conseil d’administration.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly