Le mal du siècle n’épargne pas les Pyrénées-Orientales. Souffrance au travail, burn-out… : ici aussi, les risques psychosociaux liés au travail sont en pleine explosion. Selon le secrétaire départemental du syndicat FO, Jérôme Capdevielle, les hôpitaux et maisons de retraite, où les salariés se retrouvent astreints à des rythmes de travail de plus en plus importants en raison du manque de moyens humains, sont en première ligne. Sans parler des surveillants de prison perpignanais, confrontés à une surpopulation carcérale endémique. Et la liste est loin d’être exhaustive. Afin de mieux gérer le risque, FO a organisé cette semaine une rencontre avec Jean-Claude Delgènes, le président fondateur du cabinet Technologia, qui a notamment mené des audits chez France Télécom, après la vague de suicides. Entretien.
À quoi attribuez-vous la montée en puissance des risques psychosociaux en lien avec le travail ?
Jean-Claude Delgènes : Les entreprises sont de plus en plus gouvernées par les exigences de rentabilité à court terme. Cette culture de direction par objectifs s’est étendue au secteur public. L’étreinte au niveau de la gouvernance devient de plus en plus forte. Chacun doit être un centre de profit. Les méthodes de contrôle incessantes issues des nouvelles technologies conduisent les salariés au surengagement.
Savoir se mettre à distance du travail
Comment le salarié peut-il voir arriver le burn-out et s’en prévenir ?
Avant d’arriver à l’épuisement professionnel, les salariés passent par plusieurs phases. Au départ, il y a l’engagement heureux. Ils doivent parfois faire des sacrifices lorsque la charge de travail s’intensifie, mais ils arrivent à récupérer. Puis, il y a le surengagement professionnel, lors duquel ils se mettent à sacrifier de plus en plus leurs autres engagements (famille, loisirs, etc.). À ce stade, il est nécessaire de savoir se mettre à distance du travail. Ou sinon, on passe à la troisième phase, l’acharnement frénétique. À partir de là, on ne peut pas s’en sortir sans l’aide d’un thérapeute. On n’arrive plus à récupérer malgré plusieurs nuits de sommeil d’affilée. On néglige son équilibre fondamental. Le corps se révolte et on devient moins efficace. C’est alors que survient l’effondrement : le burn-out, la dépression d’épuisement, les risques cardio-vasculaires (AVC), voire le suicide.
Quelles solutions pour diminuer les risques à l’échelle d’une entreprise ?
Il faut repenser les moyens de gouvernance dans le privé comme dans le public. Pour éviter l’émergence de situations délétères, il est notamment important que les changements soient concertés. Il faut aussi retrouver une respiration collective. Notamment en privilégiant les primes récompensant l’équipe entière pour son travail, plutôt que les primes individuelles.