Le projet du gouvernement sur les retraites ? A l’évidence, les travailleurs y répondent par un « non » massif. Ce jeudi 5 décembre, ils étaient, au moins 800 000 manifestants (chiffres du ministère de l’Intérieur) et surement davantage indiquait FO, à battre le pavé dans presque 500 cortèges organisés sur le territoire à l’appel de quatre organisations syndicales dont Force ouvrière et de trois organisations de jeunesse. La poursuite de la mobilisation est d’ores et déjà actée. Le gouvernement présentera « l’intégralité » de son projet le 11 décembre.
Dans la capitale (250 000 manifestants) comme dans de nombreuses autres villes, y compris les petites et moyennes localités, les travailleurs défilaient en signifiant par leurs slogans leur ferme opposition au projet de réforme des retraites par points. On comptait ainsi 10 000 manifestant à Albi, 10 000 aussi à Valence, 120 000 à Marseille, 20 000 à Caen, 4000 à Aix-en-Provence, 5000 à Béziers, plus de 20 000 à Nantes et à Grenoble, plus de 3000 à Dieppe, 100 000 à Toulouse, 40 000 à Bordeaux, 7000 à Saint Brieuc… La liste serait bien longue
Avec des taux de grévistes massifs tant dans le secteur public (Transports, Education, aérien, finances, Santé…) que dans le secteur privé (des raffineries au secteur de la métallurgie dont les entreprises automobiles en passant par des fromageries, des enseignes de la grande distribution, des secteurs pharmaceutiques, les caisses de Sécu…), les travailleurs récusent la mise en œuvre d’une réforme qui « supprimerait l’existant du mode des droits à la retraite » et « qui n’améliorerait en aucun cas » le système actuellement en vigueur insistait le secrétaire général de la Confédération FO, Yves Veyrier au départ du cortège parisien.
Et dès le 5 décembre au soir, FO appelait « le gouvernement à l’ouverture de négociations sans préalable. Le projet de régime unique par point est largement rejeté. On peut et doit préserver et améliorer le système actuel et ses régimes ». Sur le terrain des grèves, cette journée du 5 décembre en l’absence de réponse rapide du gouvernement, annonçait en effet une suite à la hauteur de la détermination des travailleurs.
FO demande l’ouverture de « réelles négociations sans préalable »
La confédération indiquait en effet que « partout en France, des assemblées générales se réunissent, ce soir, demain, pour décider de la suite du mouvement. De nombreux appels à reconduire la grève dès ce vendredi, ce weekend et lundi ont été pris ».
Réunis le 6 décembre au matin en intersyndicale au siège de FO à Paris, les syndicats initiateurs de la grève rappelaient l’objectif : « gagner ». Ils appelaient le gouvernement à « entendre le message envoyé par les salarié-es et la jeunesse et à prendre ses responsabilités en ouvrant de réelles négociations sans préalable avec toutes les organisations ».
Et les syndicats de réitérer la revendication : « le renforcement et l’amélioration du système actuel de retraite solidaire et intergénérationnel ». Ils résumaient les raisons de l’opposition des travailleurs en ces termes : le « refus d’un système par points dit universel qui immanquablement conduirait à une baisse des pensions et à devoir reculer encore l’âge de départ. C’est par l’amélioration de l’emploi, par la fin du chômage massif et de la précarité tout au long de la vie, par l’augmentation des salaires et l’égalité entre les femmes et les hommes, que la pérennité des retraites sera garantie ».
Mais, toujours sans réponse du gouvernement, les organisations appelaient « à renforcer et élargir encore la mobilisation par la grève et la reconduction de celle-ci là où les salarié-es le décident dès ce vendredi, ce week-end et lundi ».
Pour le mardi 10 décembre, les organisations appellent à « une journée massive de grève et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles ». A Paris, une manifestation est déjà programmée. son parcours ira de la place des Invalides à place Denfert-Rochereau.
Les organisations syndicales se reverront ainsi le 10 décembre au soir « pour les suites rapides à donner au mouvement ».
« On sait exactement à quoi conduira ce projet »
Ce vendredi 6 décembre, dans l’après-midi, le Premier ministre décidait quant à lui de s’exprimer. Concédant que la mobilisation du 6 décembre restait « importante », notamment dans le secteur des transports (Sncf, Ratp…), il réitérait néanmoins la volonté du gouvernement de réaliser la réforme décriée, arguant que le prochain système de retraite annoncé serait « plus juste » et « plus solide » et que sa réalisation « méritait un débat de fond éclairé ». Et de confirmer dans la foulée qu’il « faudra renoncer à des régimes spéciaux qui ne sont pas compris » et « travailler un peu plus longtemps ». Affirmant que les « adaptations » ne se feraient pas « brutalement » ni « dans l’urgence » il soulignait avoir fait, sur le dossier des retraites, le choix du « dialogue social » depuis 2018.
Le Premier ministre a indiqué que la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn et le Haut-Commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye rencontreront les organisations syndicats et le patronat « pour clôturer le cycle » de ce que le gouvernement présente comme une négociation.
Quant au Premier ministre, il présentera mercredi 11 décembre à 12h au CESE « l’intégralité du projet du gouvernement ».
La philosophie du projet est d’ores et déjà connue. Le 5 décembre, le secrétaire général de la confédération indiquait ainsi : « on sait exactement à quoi conduira ce projet », à savoir à ce que « l’État prenne la main » ce qui lui permettrait de « faire des économies sur les droits des salariés ».
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly