Ce 20 février, alors que le débat parlementaire sur le projet gouvernemental de régime unique de retraite par points, ouvert quatre jours plus tôt, peinait à se poursuivre dans une ambiance de plus en plus tendue et chaotique à l’Assemblée nationale, le refus de cette réforme s’exprimait une nouvelle fois dans la rue, d’un bout à l’autre du pays.
A Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Montpellier, Bézier, Nantes, Lilles, Douai, au Havre, à Marseille, Dax, Pau, Périgueux, Bayonne, au Puy-en-Velay…. A nouveau ce 20 février, après maintenant deux mois et demi de mobilisation, des dizaines de milliers de travailleurs du privé et du public, de jeunes, de retraites, ont manifesté leur volonté de venir à bout du projet gouvernemental de régime unique de retraites par points, dans tout le pays, jusque dans les petites villes toujours.
Au même moment, les parlementaires, à qui la Confédération FO s’est adressée dès le 4 février pour leur demander de ne pas approuver ce projet, en étaient à leur quatrième jour de débats, dans une atmosphère des plus houleuses.
« Aucune raison de baisser les bras »
Interrogé sur ce contexte, le secrétaire général de la confédération FO Yves Veyrier, a notamment déclaré, au démarrage du cortège parisien : « Les ambassadeurs de ce projet à l’Assemblée nationale ressassent à nouveau les mêmes formules générales que nous avons entendues tous ces derniers mois. Ils nous disent que ce sera mieux après la réforme mais sans être capables de dire en quoi ce sera mieux. Cette majorité n’est pas en capacité de défendre concrètement le projet qu’elle soutient. »
De plus, a -t-il rappelé, « toutes les instances consultées, y compris le Conseil supérieur de la fonction militaire, se sont opposées à cette réforme. Il n’y a pas une seule profession, y compris dans les professions libérales, qui soutient ce projet. Le conseil d’État ne peut même pas garantir la sécurité ni juridique ni constitutionnelle du projet, tant il est lacunaire. Nous sommes donc confortés et n’avons aucune raison de baisser les bras. »
Il est donc temps que « le gouvernement revienne à la sagesse et à la table de négociation, sans préalable. », a répété le secrétaire général de FO.
Conférence de financement : une « opération de dupes »
Quant à la conférence des partenaires sociaux sur le financement des retraites, censée trouver une solution alternative à l’instauration d’un âge pivot d’ici la fin avril, « elle prend l’eau de toutes parts » a résumé Yves Veyrier. « Certains essaient d’écoper bon an mal an mais à l’arrivée on va droit au naufrage et FO ne veut pas être naufragé (…) », a -t-il conclu, soulignant qu’il s’agit avant tout d’une « opération de dupes » destinée à détourner l’attention du projet de régime unique de retraite par points, ce à quoi la confédération FO se refuse.
Pour l’heure, FO veille notamment à ce que cette conférence ne débouche pas sur un détournement des fonds dédiés à d’autres dispositifs sociaux tels que l’assurance chômage, la sécurité et la santé au travail ou encore le logement. Elle continue de défendre l’idée que le meilleur moyen de rétablir l’équilibre financier est de négocier une augmentation de la cotisation avec les employeurs.
La retraite est un droit, pas une question financière
« La question de la retraite n’est pas une question financière, a rappelé Yves Veyrier, c’est une question de droit, le droit de pouvoir enfin s’arrêter de travailler quand on l’a fait toute sa vie et de pouvoir en profiter. C’est ce droit là que nous voulons défendre, que nous avons constitué au fil du temps dans le cadre de la Sécurité sociale, et que nous voulons continuer de défendre. »
Des propos que venaient renforcer les slogans scandés par les manifestants du cortège FO parisien. « La retraite elle est à nous, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! », pouvait-on notamment entendre, en écho au grand classique né durant la mobilisation de 1995 contre le Plan Juppé : « La Sécu elle est à nous, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! ». Visiblement, la partie est loin d’être terminée.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly