Décidément, novembre aura soufflé le chaud et le froid pour les quelque 15 000 salariés saisonniers attendus dans le secteur des remontées mécaniques pour l’ouverture de la saison. Il s’est conclu sur une bonne nouvelle alors que l’inflation reste élevée (+ 3,4 % en novembre sur un an, selon l’Insee). En effet, le salaire conventionnel des pisteurs, des personnels techniques entretenant les infrastructures, des conducteurs d’engins qui dament les pistes, des personnels chargés de la vente de forfaits ou de l’accueil, a été augmenté de 4,5 % à compter du 1er décembre, en vertu de l’accord salarial qu’a signé FO (organisation majoritaire) le 27 novembre. L’accord compense l’inflation et permet à la branche des remontées mécaniques et des domaines skiables d’être en conformité avec le Smic, explique Éric Becker, conseiller fédéral chez FO-Transports et logistique-UNCP, et référent national « saisonniers ». Il juge l’accord satisfaisant : applicable à toutes les catégories socio-professionnelles, l’augmentation évite un tassement de la grille.
Mais l’horizon s’est aussi obscurci. Le 21 novembre, lors d’une réunion des interlocuteurs sociaux de branche au ministère du Travail, celui-ci a confirmé son intention de durcir les conditions d’attribution de l’activité partielle (chômage partiel) de droit commun. Le déficit d’enneigement ne serait plus apprécié par les services de l’État comme une circonstance exceptionnelle ouvrant droit, à ce titre, à la mise en activité partielle des salariés des entreprises impactées. Déjà, la saison dernière, certains services de l’État avaient arbitré en ce sens, avant de faire marche arrière. L’exécutif considère que le manque de neige est devenu récurrent avec le réchauffement climatique, note Éric Becker.
L’exécutif ne comprend pas les enjeux de la saisonnalité en montagne
Le 21 novembre, les employeurs se sont vus enjoints de trouver des solutions alternatives, notamment via l a pluriactivité des salariés. Et vite : le durcissement des conditions d’attribution entrerait en vigueur à l’hiver 2024-2025. C e qui inquiète FO. L’exécutif ne comprend pas les enjeux de la saisonnalité en montagne. Les saisonniers y sont souvent à temps complet. Leur activité est moins propice à la pluriactivité. Et celle-ci n’est pas envisageable pour tous ― étant donné leur nombre important ― ni dans toutes les vallées. En plus, les fonds formation se réduisent comme peau de chagrin, appuie Éric Becker. Lequel pointe les risques pour l’emploi. Particularité de la convention collective des remontées mécaniques et domaines skiables, elle organise la priorité de réembauchage des salariés ayant déjà fait une ou plusieurs saisons, et la reconduction obligatoire du contrat de travail saisonnier au terme d’une première saison concluante. En cas de besoin, l’activité partielle doit être obligatoirement appliquée. C’est vital pour l’économie des vallées, conclut le militant.