RATP : aux élections du conseil d’administration, la consécration de FO

Après trois ans d’existence, le jeune syndicat FO-Groupe RATP a remporté 40,31% des suffrages, loin devant les autres organisations autrefois dominantes. Cette victoire couronne les avancées déjà obtenues en matière de salaires et de qualité de vie au travail, et consacre la légitimité pour les combats futurs.

C’est une victoire historique pour FO : à l’issue des élections au conseil d’administration du groupe RATP qui se tenaient fin mai, le syndicat a remporté 40,31% des suffrages, quinze points de pourcentage devant les deux organisations suivantes. Laurent Djebali, secrétaire général de FO-Groupe RATP, y voit « la récompense de la politique qu’on mène depuis trois ans, où nous sommes présents sur tous les chantiers ». Ces derniers n’ont pas manqué : revalorisation salariale, accord sur la qualité de vie au travail, réorganisation complète du comité d’entreprise – pour ne citer que ceux-là.

Le jeune syndicat FO-Groupe RATP a donc réalisé une percée spectaculaire. Il a été créé en 2021 par l’arrivée à FO de militants UNSA, SUD et RS-RATP. Tous s’étaient mobilisés, ensemble, contre la réforme des retraites. A peine formé, FO-Groupe RATP est allé immédiatement de l’avant. « On s’est mobilisés, on a obtenu une deuxième place aux élections professionnelles [30,61% en novembre 2021], et désormais les collègues ont salué tout le travail accompli en nous mettant à la première place, loin devant les autres » raconte Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral à la fédération FO Transports et Logistique FO-UNCP, en charge de la RATP.

Syndicalisme de terrain et soutien de la fédération

La recette gagnante selon Laurent Djebali : pratiquer un syndicalisme de terrain avant tout. « Quand on négocie quelque chose, on s’adresse à la base et on fait remonter les doléances, alors que les autres organisations sont davantage dans le dogme. » FO est ainsi particulièrement plébiscitée chez les opérateurs et les agents de maîtrise. « Notre dogme à nous, c’est le respect vis-à-vis des salariés, poursuit le militant. On ne fera jamais de promesses qu’on ne tiendra pas, et si on ne peut pas obtenir quelque chose, on leur explique pourquoi. »

Le regroupement de plusieurs forces syndicales derrière FO-Groupe RATP a également participé à la montée en puissance de l’organisation depuis 2021. « Nous avons chacun nos spécificités, et les points faibles des uns sont comblés par les points forts des autres, estime Jean-Christophe Delprat. Grâce à ces qualités agglomérées, on a tout de suite été en capacité de prendre à bras le corps tous les sujets, comme si on était majoritaires. »

Dernier ingrédient ayant permis à FO de se montrer à la hauteur des besoins des salariés : le soutien accru de la fédération. « Pour certains sujets comme l’ouverture à la concurrence ou la pollution aux particules fines, la fédération nous a permis d’accéder au ministère des Transports ou à Île-de-France Mobilités [l’autorité qui organise les transports dans la région], raconte Jean-Christophe Delprat. Avant, des dossiers problématiques sur le terrain n’étaient pas portés au juste niveau, car nous n’avions pas d’accès direct. »

Revalorisation salariale et mobilité

Ce statut de première organisation syndicale induit à la fois une grande responsabilité et pour le syndicat. « Notre position a été comprise, se réjouit Laurent Djebali. Avec le poids du vote des salariés derrière nous, nous allons être toujours plus exigeants dans les négociations. » L’évolution de la rémunération salariale est emblématique de ce retournement : « De 2007 à 2022, les salariés ont obtenu 150 euros de plus sur quinze ans. Depuis trois ans qu’on est représentatifs, 250 euros ont été ajoutés aux fiches de paie. »

Le fonctionnement du comité d’entreprise a également été réorganisé afin de diminuer les frais de gestion et d’augmenter la valeur sociale dont bénéficie chaque salarié : 530 euros dès cette année, contre 250 euros auparavant, et avec un objectif de 750 euros en fin de mandat. « En peu de temps, on a démontré, à ceux qui pouvaient en douter, l’utilité de notre syndicat !, résume Laurent Djebali. Avant, le vote des salariés n’avait pas de poids dans la négociation. »

De nombreux défis restent à relever : travailler sur l’attractivité des postes – notamment la maintenance, « pas assez reconnue à sa juste valeur » selon le secrétaire général –, la reconnaissance des spécificités des métiers et les possibilités de mobilité à l’intérieur du groupe. Les élus FO ont confiance dans leur capacité à faire bouger les lignes. « Sur le terrain, on est encore en mesure de mobiliser de grosses équipes qui font peur à la direction », souligne Jean-Christophe Delprat. Concrètement, le rapport de force existe. D’où un « équilibre subtil » entre discussions en haut lieu et pression du terrain. En témoignent les primes obtenues pour la période des Jeux Olympiques : entre 1200 et 2500 euros par agent.

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