Pour résoudre le problème récurrent de logement des travailleurs saisonniers, le syndicat FO prône la mise en place, sur le littoral catalan, d’une résidence modulaire constituée de conteneurs aménagés en habitations. Une telle structure pourrait, selon le secrétaire départemental de l’organisation, sortir de terre plus rapidement qu’une résidence classique. Elle coûterait également moins cher.
La problématique est récurrente. Selon une étude de l’Insee publiée en septembre 2022, l’emploi saisonnier représente 14,3 % de l’emploi salarié dans les Pyrénées-Orientales. Et bon nombre de ces travailleurs saisonniers, ceux qui viennent de l’extérieur du département, galèrent à se loger en pays catalan. Notamment car l’été, sur le littoral, les appartements s’arrachent et les prix des locations s’envolent. Ce qui ne facilite pas les recrutements.
Pour le secrétaire départemental du syndicat FO, Jérôme Capdevielle : « Le fait qu’il y ait une pénurie de main-d’œuvre a suscité une prise de conscience. Au Barcarès, Action logement a par exemple racheté un village vacances pour loger les saisonniers. Mais à mon avis, les avancées ne sont pas en nombre suffisant pour régler totalement le problème. »
« Lancer une première expérimentation dès cet été »
Fort de ce constat, le syndicaliste est en train de solliciter plusieurs institutions (préfecture, Département, Région, intercommunalités…) afin de leur soumettre un nouveau moyen d’action, qui permettrait d’aller plus vite. Sur le modèle de la cité universitaire « modulaire » en conteneurs mise en place en 2010 au Havre. « Nous proposons à l’Etat et aux collectivités de faire la même chose, dès cet été à titre expérimental, dans une station balnéaire intéressée, puis de comptabiliser les besoins pour mettre en place le nombre de conteneurs en relation avec la demande, plaide Jérôme Capdevielle. L’idée serait aussi d’installer au sein de la résidence un point d’information sur les droits des saisonniers et la formation professionnelle. » En plus d’offrir une solution de logement à loyer modéré pour les travailleurs estivaux, le dispositif permettrait ainsi en parallèle de professionnaliser les métiers saisonniers et de fidéliser la main-d’œuvre.
« Il serait également possible de démonter certaines de ces habitations pour les reconstruire à la montagne pendant la saison d’hiver et d’en garder d’autres sur le littoral une fois l’été terminé pour accueillir, par exemple, des sportifs de haut niveau. » De quoi rentabiliser l’investissement en remplissant les logements modulables à l’année. Autre avantage mis en avant par le secrétaire départemental de FO : la mise en place d’une résidence de conteneurs ne nécessite pas d’artificialisation des sols et « reviendrait moins cher que de bâtir en dur ». L’idée est prometteuse. Reste à étudier plus finement sa faisabilité. Et à convaincre les financeurs.
« Une proposition à étudier » aux yeux du maire de Canet
Le maire de Canet-en-Roussillon, Stéphane Loda, confirme l’existence d’une réelle problématique de logements saisonniers : « On travaille avec les commerçants de la plage qui nous font remonter leurs besoins. La situation fluctue selon les années, mais sur Canet, nous partons sur un besoin identifié d’entre quinze et trente saisonniers à héberger. » Selon l’édile, tout l’enjeu est de trouver, avec les professionnels concernés, des solutions économiquement équilibrées. « Nous avons lancé une réflexion avec l’Entreprise sociale pour l’habitat Perpignan-Méditerranée. La première difficulté tient au fait que par définition, les saisonniers n’occuperaient les logements qu’une partie de l’année. Si l’on ne veut pas que ce soit un gouffre financier, il faut trouver une solution pour que les habitations soient occupées le reste du temps. Il faut également trouver du foncier, ce qui est très rare sur le littoral, et des financements, car une collectivité ne peut pas porter seule un tel projet. » Ce que l’édile pense de la proposition de FO ? « Elle est intéressante, estime-t-il. Il faut étudier sa faisabilité. L’avantage qu’on peut y voir, même si cela reste à confirmer, concerne le plan financier. Cela pourrait coûter moins cher à réaliser. »
L’indépendant – édition du 25 janvier 2023 – Arnaud Andreu