Protection judiciaire de la jeunesse : des centaines d’emplois sacrifiés au nom de l’austérité

En raison de coupes budgétaires brutales, des centaines de postes de contractuels ne seront pas renouvelés à la rentrée au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), service en charge des mineurs délinquants. Le syndicat FO a lancé un préavis de grève illimité pour exiger la reconduction de ces contrats. Dans l’attente, il a obtenu une réduction de l’activité, en lien avec la baisse d’effectifs.

© Romain GAILLARD/REA

La nouvelle est tombée au cœur de l’été. Un dépassement conséquent du budget de la masse salariale a été enregistré à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), service chargé du suivi, de l’éducation et de l’insertion des mineurs délinquants. En conséquence, des centaines de contrats ne seront pas reconduits à la rentrée de septembre. Les syndicats ont été convoqués en urgence par la direction le 31 juillet. On nous a dit qu’il y avait un trou de 1,6 à 1,8 million d’euros dans le budget. Et que cela empêcherait le renouvellement de postes de contractuels, dénonce Jordaïne Benfiala, secrétaire national de FO Justice PJJ. Pour expliquer cette situation, la direction a notamment mis en avant le versement de primes JOP et de fidélisation pour les agents travaillant en Seine-Saint-Denis.

Selon le militant, pour résorber le déficit, la direction avait évoqué dans un premier temps la suppression de 50 postes, puis le report d’un mois de 500 réembauches. Finalement, il ne s’agit pas de reports mais d’annulations sèches. Des contractuels ont reçu dès fin juillet un avis de fin de contrat. D’autres, qui avaient déjà signé un contrat de reconduction, ont été informés de l’annulation de ce dernier. Aucun chiffre officiel ne nous a été fourni mais il nous semble que plus de 500 contractuels sont concernés. Et il n’y aura pas de réembauche avant la fin de l’année, poursuit-il.

Pour FO Justice PJJ, cette crise sans précédent, liée à une mauvaise gestion de la masse salariale par la direction de la PJJ, met en péril la prise en charge des mineurs. Sur les quelques 9 800 personnels employés par ce service, les contractuels représentent environ 20% des effectifs. Chaque année, les éducateurs suivent un peu plus de 130 000 enfants et adolescents.

3 milliards d’euros débloqués

Le syndicat a déposé le 2 août un préavis de grève illimitée à compter du 8 août pour exiger le renouvellement de l’ensemble des contrats. Les négociations engagées avec la Chancellerie ont été fructueuses. Le ministère nous a annoncé dans la soirée du 5 août le dégel de 3 millions d’euros, ce qui permet largement de réembaucher les contractuels. Mais la directrice de la PJJ refuse d’injecter cette somme dans la masse salariale, elle s’obstine à appliquer les directives d’austérité dictées par Bercy, dénonce Jordaïne Benfiala. Comme le rappelle le journal Le Monde, le budget de la PJJ avait été raboté de 700 000 euros en février dernier, dans le cadre des 10 milliards d’euros d’économies budgétaires sur les dépenses de l’État mises en œuvre par décret.

Dans cette situation inédite, le combat pour le renouvellement des postes continue. Dans l’attente, FO a demandé un allègement temporaire d’activité à la rentrée, avec une baisse du nombre de prises en charge. La réduction massive de la masse salariale, entraînant un sous-effectif intenable, menace directement le fonctionnement de nos services, la prise en charge des mineurs et les conditions de travail des agents. Aujourd’hui, en milieu ouvert, un éducateur suit 25 jeunes, c’est déjà très compliqué. Si on perd deux collègues, c’est 50 jeunes à suivre en plus. Les jeunes ne seront pas ou mal suivis, les enquêtes mal faites. L’administration doit assumer ses choix et adapter les services en conséquence, poursuit le militant.

La revendication a été entendue. Dès le 28 août, des allègements d’activité ont été accordés dans tous les territoires. Le garde des Sceaux démissionnaire a également confié à l’Inspection générale de la justice une mission sur le pilotage des effectifs de contractuels et de la masse salariale à la PJJ en 2024, une revendication qui était portée par FO.

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