Poêles Godin : FO alerte sur l’usine de Guise qui s’éteint à petit feu

En raison d’une baisse de commandes, les salariés de l’usine Godin de Guise, dans l’Aisne, sont en activité partielle jusqu’au 18 mai. Cette situation inquiète fortement FO, syndicat majoritaire dans cette entreprise connue notamment pour ses célèbres poêles en fonte.

Depuis début mars, l’usine Godin de Guise, enseigne qui fabrique depuis près de deux siècles des poêles à bois et autres appareils de chauffage en fonte, tourne au ralenti. Les salariés alternent des semaines avec deux ou trois jours de travail, dans le cadre d’une autorisation d’activité partielle qui court jusqu’au 18 mai.

La situation est telle que des rumeurs circulent en ville sur la possible fermeture de l’usine. La direction nous assure que ces rumeurs ne sont pas fondées, mais tout le monde est inquiet, on se demande si les commandes vont reprendre, on ne sait pas ce qui va se passer, explique Hervé Jarentowski, délégué FO, syndicat ultra-majoritaire sur le site, avec plus de 90% des voix lors des élections CSE de janvier.

Cette baisse d’activité n’est malheureusement pas nouvelle. Cela fait des années qu’il y a des périodes de chômage partiel, ça dépend des années, mais là c’est le creux de la vague, le carnet de commandes ne se remplit pas, les départs ne sont plus remplacés, l’entreprise s’éteint doucement, alerte Jean-Louis Pion, secrétaire départemental de l’USM-FO, union des syndicats de la métallurgie FO.

L’entreprise, qui ne compte plus aujourd’hui que 150 salariés, avait été créée en 1840 par Jean-Baptiste André Godin, l’inventeur du poêle en fonte. Selon une archive de l’Ina, elle était devenue leader mondial des appareils de chauffage dans les années 1870, employant jusqu’à 1 500 personnes.

Recours à la sous-traitance

L’industriel, dans une vision de paternalisme exacerbé, avait également fait construire en 1856, face à l’usine de Guise, le Familistère, un Palais social destiné à héberger les travailleurs sans distinction, des ouvriers aux ingénieurs. Cette cité idéale en briques rouges, inspirée des Phalanstères de Fourier, proposait 500 logements mais aussi une école, une crèche, un jardin, des commerces, un théâtre…

L’enseigne jouit encore aujourd’hui d’une solide réputation qui repose sur un savoir-faire ancestral et la qualité des matériaux qu’elle utilise. Mais toutes les pièces ne sont plus fabriquées en interne. La fonderie de Guise est à l’arrêt depuis quelques années, sa remise aux normes étant jugée trop coûteuse. Le choix de l’entreprise avait été donc de ne pas injecter d’investissements mais de passer à la sous-traitance. Le relais avait été assuré par la fonderie des Cheminées Philippe à Liévin, dans les Hauts-de-France. Mais cette dernière tourne au ralenti depuis un accident mortel survenu sur un four à l’été 2021. L’enquête est toujours en cours, Godin est obligé de faire appel à la sous-traitance, et la qualité n’est plus ce qu’elle était, poursuit Jean-Louis Pion. En parallèle, les prix des poêles à bois ont augmenté ces derniers mois. Or avec la conjoncture, les gens font attention à leur argent, poursuit-il.

Malgré ses difficultés, l’entreprise reste le plus gros employeur de Guise. Si demain Godin venait à fermer, ce serait une catastrophe, la ville aurait du mal à s’en remettre tout comme les salariés, qui auraient du mal à retrouver un emploi, estime le militant.

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