Plus de 500 professionnels dans la rue

SANTÉ. Public et privé, hier, ont manifesté la souffrance d’un secteur frappé par l’austérité.

La santé est en état d’urgence et ses personnels à bout de souffle. « On a de plus en plus de patients et pas le temps d’en prendre soin tellement notre charge de travail augmente. C’est devenu l’usine », dénonce Stéphanie Mendes, infirmière à Médipole, venue rejoindre le rassemblement de colère et de contestation, organisé hier matin à Perpignan, à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO et Solidaires.
Comme partout en France, le rendez-vous des professionnels de santé a localement mobilisé. Plus de 500 personnes, annoncent les organisateurs, un chiffre que la police confirme.
Salariés des cliniques départementales, des centres hospitaliers de Perpignan et de Thuir, aides à domicile, employés des Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), ils sont ainsi nombreux à être descendus dans la rue crier un ras-le-bol aussi fort que leur désarroi. « Je fais de la chirurgie depuis 16 ans et aujourd’hui ils m’envoient en médecine
au risque que je mette les malades en danger ! Ils n’entendent pas l’usure, ils s’intéressent plus au profit qu’au bien-être des salariés et des patients », s’émeut Oana Ivanescu, également blouse blanche dans le privé.

En tête de cortège aux côtés de Jérôme Capdevielle (FO) et de Jean-Claude Zaparty (CGT), Jérôme Pous de Sud-Santé-Sociaux résume la crise. « Le désengagement de l’État par rapport aux besoins des usagers est une maltraitance institutionnelle caractérisée. Et ça fait 30 ans que ça dure, que ces politiques successives de restrictions budgétaires font basculer le secteur vers une rentabilité perverse indécente », tempête le porte-parole, appelant les professionnels et la population à renforcer « un processus vital de résistance ». Place de Catalogne, boulevards des Pyrénées et Mercader puis place Arago et quai Sadi-Carnot, le défilé revendicatif reçoit des applaudissements. La santé n’a pas de prix.

Au nom des manifestants, les syndicats ont porté hier leurs revendications auprès des institutions locales. Une première délégation a ainsi été reçue par l’Agence régionale de santé (ARS), avant d’obtenir audience en préfecture pour aborder « le grave problème des économies d’échelle au détriment de l’accès aux soins ». Dans l’après-midi, c’était au tour du conseil départemental d’être sollicité et plus précisément sur les difficultés des aides à domicile des Pyrénées-Orientales. « On demande à la présidente Hermeline Malherbe d’intervenir pour sauver le métier. Les aides à domicile ont du mal à travailler. Elles s’occupent de personnes âgées dépendantes, qui vivent souvent dans des endroits reculés, pour un salaire de misère. Il faut absolument les soutenir quitte à sacrifier quelques ronds-points », propose Jérôme Capdevielle, secrétaire départemental FO, appuyé par Jean-Claude Zaparty, son homologue de la CGT qui prône, lui, « un service public de l’aide à domicile ».
L’Indépendant – Vendredi 8 mars 2017 – Corine Sabouraud

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