Pizza Pino : les salariés s’élèvent contre le PSE imposé au restaurant des Champs Elysées


Alors qu’elle s’était engagée à ne pas en lancer, la direction de Pizza Pino a annoncé le 22 février dernier un PSE au sein du restaurant des Champs Elysées. Une décision inacceptable pour la centaine de salariés de l’établissement. FO, majoritaire dans l’enseigne, travaille à limiter le nombre de licenciements et à négocier le meilleur accompagnement possible des salariés.

Ils sont chaque fois plus nombreux. Au matin du 16 mars, une centaine de salariés de plusieurs établissements Pizza Pino d’Île-de-France manifestaient devant les portes du restaurant des Champs Elysées. Ce PSE, concernant uniquement l’établissement sur la grande avenue parisienne qui emploie 97 salariés, a été annoncé par la direction le 22 février. La cause officielle ? Le non-renouvellement du bail du restaurant, qui arrivera à son terme le 31 août prochain. Un faux prétexte, selon Nabil Azzouz, Secrétaire Fédéral Hôtellerie Restauration à la FGTA-FO. Nous n’avons eu aucune explication concernant la fin de ce bail par la Caisse des dépôts [CDC Entreprises est un des actionnaires du groupe, NDLR].

Le PSE intervient alors même que le groupe Pino a obtenu le soutien de l’État à hauteur de 5 millions d’euros, cela sous la forme d’un PGE en 2020. C’est pourtant grâce à la résilience de ce restaurant que l’on a pu recevoir cette aide, souligne Lofti Chteoui, DS FO et vingt-trois ans d’ancienneté chez Pizza Pino, dont douze au sein de l’enseigne sur les Champs Elysées. Et de rappeler que la direction s’était d’ailleurs engagée à ne pas faire de PSE. 

Un APC signé en 2019

Autre motif invoqué pour justifier ce PSE, la baisse de rentabilité de l’établissement, amorcée depuis le mouvement des Gilets Jaunes en 2018 et aggravée par l’année 2020 et la crise sanitaire. La Covid a bon dos, ironise Nabil Azzouz. Des pertes ont été subies dans tous les restaurants et sur tout le secteur. Pourtant, Pino Champs Élysées a longtemps été le fer de lance de tout le groupe, indique le DS. Jusqu’en 2017-2018, ce restaurant représentait 70% du chiffre d’affaires. Sur la période allant de fin 2019 à fin février 2020, juste avant la crise du Covid, le CA était en augmentation de 20%. C’est d’ailleurs le seul qui s’est maintenu pendant la crise.

Par ailleurs, les salariés du restaurant n’en sont pas à leurs premiers sacrifices. Fin 2019, ils avaient déjà accepté de signer un accord de performance collective (APP) qui au nom de la préservation de l’emploi, impactait leurs salaires. Ils affichent donc aujourd’hui leur incompréhension face à un PSE qu’ils jugent injuste et opportuniste. Fermer le restaurant des Champs Elysées, c’est se priver de son potentiel, regrette le DS FO. 

La direction veut passer en force

L’empressement de la direction à tirer un trait sur le restaurant des Champs est incompréhensible pour les élus FO, soulignant aussi combien la période rend difficile la possibilité de rencontre syndicale avec les autres salariés. La direction profite de cette crise Covid pour passer en force car nous ne pouvons pas nous réunir pour parler aux salariés comme nous le ferions en temps normal, dénonce Lofti Chteoui. L’employeur doit assumer sa responsabilité et offrir des indemnités à la hauteur des préjudices subis

Dans le cadre des négociations portant sur ce PSE que la direction qualifie d’irrévocable, Lofti Chteoui et ses camarades sont déterminés. Il s’agit de ne rien lâcher dans les négociations afin de pouvoir réduire au maximum le nombre de licenciements en facilitant les reclassements et aussi de permettre d’accompagner au mieux ceux qui partiront. Car pour le moment, on nous propose des mesures d’accompagnement qui ne sont pas dignes des efforts fournis par les salariés

Inquiétude pour l’avenir des emplois dans le groupe

Le groupe Pizza Pino, qui compte six restaurants (quatre à Paris et Île-de-France, un à Lyon et un à Toulouse), met-il en danger l’ensemble de ses établissements ? C’est une des craintes des élus FO. Nous nous inquiétons pour la pérennité du groupe sans le restaurant des Champs Elysées, insiste Nabil Azzouz. Et Lofti Chteoui de poursuivre : Nous avions demandé un accord de chômage partiel longue durée, que nous n’avons pas obtenu. Quand les aides de l’État s’arrêteront, qu’adviendra-t-il des salariés ? Nous voulons à tout prix préserver les autres emplois du groupe

Si la fin de la négociation sur le PSE est prévue le 27 avril, d’ici là, une prochaine réunion de négociation aura lieu le 23 mars. Lofti Chteoui et les autres salariés de Pizza Pino Champs Élysées manifesteront à nouveau devant le restaurant.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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